India 2009


	Now in Kolkata:


	jan 12 Ma	Me voici de retour en Inde pour la dernière partie de mon séjour. En fait c'est même plutôt un extra, mon site "India 2009" n'étant pas au départ prévu pour 2010... Au fil des mois, ce séjour s'est révélé être passionnant, et mon excitation du départ n'est jamais retombée. Les difficultés des premiers jours sont oubliées, et les domestiques à la maison se révèlent très confortables. Le fait que ma compagnie me paie l'aller-retour en France tous les 3 mois a aussi beaucoup aidé à garder des contacts avec la France, et les compagnies aériennes apprécient encore plus: je suis désormais Membre d'Argent, ce qui me donne droit au lounge à Dubaï, et j'ai même pu être surclassé en Business Class au retour! J'ai aussi pu prendre le fameux A380, l'avion à 2 étages! Si d'extérieur il a l'air d'un monstre, à l'intérieur c'est tout pareil que les autres, en plus compressé: 400 personnes en classe économique, alors qu'il n'y a que 100 places à l'étage supérieur (First class).


	jan 13 Me	Cela fait bizarre de "retrouver" désormais les mêmes impressions qu'il y a 1 an. Mes posts sur les repas m'amusent (cf. Jan 16), l'impression de "brouillard" en journée est désormais familière (cf. Jan 29), et surtout je ne rigole plus à propos des écharpes (cf. Jan 22) : il fait froid! Cela affecte tout le monde: dans la rue, les chiens dorment en boule alors que le reste de l'année ils sont les 4 pattes en l'air. Même si je reviens d'une Europe fort glacée cette année (et j'ai souffert à Paris et Mannheim), j'ai désormais une couverture sur mon lit, des chaussettes chauffantes aux pieds et comme tout le monde j'ai un pull pour affronter ces petits 11°C.


	jan 14 Je	La vie du boulot en Inde est nettement plus "détendue" qu'en France. Cela vient pour une bonne part de la taille du bureau, 25-30 personnes alors qu'à Paris on est plus nombreux. Mais c'est aussi une question de mentalité : peu stressés de façon générale, les indiens aiment se retrouver chaleureusement, et alors que Noël ne signifie rien chez eux, le bureau est tout décoré avec un sapin. Une soirée est organisée pour le réveillon du nouvel an, alors qu'il n'est pas forcément fêté dans les familles. Enfin plus encore, c'est la "sortie annuelle" qui échauffe les esprits depuis des semaines, et c'était samedi dernier....


	jan 15 Ve	Samedi dernier, c'était la "sortie annuelle". Un moment sympa où les collaborateurs sont invités à se retrouver avec leurs femmes et enfants. Les partenaires non mariés ne sont pas autorisés par contre, on est en Inde tout de même. Voilà une restriction qui serait fort gênante en Europe. Cette année la compagnie a loué un bus, et on a va à la mer! Un village de vacance a été loué, des jeux en plein air sont prévus pour les hommes (criquet) et pour les femmes (jeu des chaises musicales). Il y a même des toboggans pour les enfants. J'ai ramené du champagne de France pour fêter ça! Un très bon souvenir une fois de plus.


	jan 16 Sa	Pour la sortie annuelle nous sommes allés à Mondarmoni. C'est à côté de Shankarpur, où j'étais allé avec Ashok (cf. Mai 25) l'année dernière. La plage est gigantesque, elle s'étend sur 1 kilomètre de largeur, mais elle est surtout très longue: c'est aussi la plus longue plage conductible du monde.... L'histoire ne dit pas combien il y a d'accidents de voiture par an. Je vois aussi une grande tortue indienne sur la plage (morte) et je retrouve Manasa, la déesse aux serpents, si populaire dans le Bengale (cf. oct 22). J'ai intérêt à surveiller où je marche!


	jan 19 Ma	Je vais faire mon français, et donc râler sur tout. Revenons à Mondarmoni. Ce coin de plage est récemment accessible aux touristes (nouvelle route). Contrairement à l'Europe, ils ne font pas encore de "bétonnage" massif avec des gratte-ciels sur le rivage, mais par contre l'absence de respect de l'envionnement habituel transforme vite les abords en poubelle. Cela se voit moins sur la plage elle-même car les déchets sont emportés par la mer. J'ai expliqué que la plage est conductible: ici les "auto" bons marchés sont remplacés par des "vano", dont le principe est identique: une planche de bois sur un moteur de moto. Propulsé par un kérosène frelaté, ces engins sont d'une toxicité et d'un niveau de pollution terrible.


	jan 20 Me	Les indiens cultivés de la presse se lamentent volontiers à propos du Vilain Indien (« the Ugly Indian »). Un des traits principaux est ce non-respect complet de ce qui touche à la sphère publique, alors que l'indien est si sensible à sa sphère privée (intérieur ménagé soigné). Dans l'espace publique, l'indien ne pense pas un instant à respecter la propreté des lieux (papiers n'importe où), ou il va crier dans son téléphone. Sur les routes, il conduit avec le klaxon en continue. On en voit se soulager en public. Dans les files d'attente, chacun essaie de griller son voisin. De façon générale, l'indien se contrefout des réglements et la police blasée applique la loi quand ce n'est pas trop compliqué.


	jan 21 Je	Samedi soir je suis allé voir une pièce de théâtre organisée par une association de sourds. Le spectacle était composé de paraboles, entrecoupées de tableaux dansés. D'une grande qualité en tant que tel, j'ai été impressionné par une chorégraphie qui a sû travailler des pas en l'absence de son (pour les artistes). Sur scène les acteurs mimaient, l'intrigue étant racontée par un narrateur "classique" et un narrateur en langue des signes. Cela me fait penser au traitement des handicapés : si les bâtiments existants n'ont pas de financement pour être mis aux normes, en tout cas les (nombreuses) nouvelles constructions le sont. Le gouvernement refait ses sites internet pour les rendre "accessibles".


	jan 23 Sa	Le contexte économique indien est marqué par les "grandes familles". Comme en France au XIXème siècle (ou les Mulliez dans le Nord), certains riches industriels ont monté des entreprises très puissantes qui emploient des milliers de personnes. Le plus célèbre est le groupe TATA, fondé en 1868, qui couvre virtuellement tous les domaines, des téléphones à l'informatique en passant par l'hôtellerie ou le textile. Le chiffre d'affaire de 51 milliards de dollars représente 5% du PIB de l'Inde! Les frères Birla (du ciment aux assurances-vie) de leur côté construisent des temples hindous partout (cf. Jan 25). La famille Mittal est célèbre en France pour avoir racheté la perle française Arcelor, tandis que Tata a racheté Jaguar. Enfin le groupe Reliance est présent dans une centaine de pays.


	jan 24 Di	Une institution culturelle majeure de Calcutta est le festival de musique classique Dover Lane. Depuis 58 ans, ce sont 4 nuits où les plus grands virtuoses du pays se relaient pour jouer toute la nuit, du coucher au l'aube! Depuis Août je suis devenu un amoureux des sitars, tablas et santoors, et depuis que Sébastien Ortiz dans son livre de Fantômes en avait parlé, j'attendais le festival de Janvier avec impatience. Le résultat fut une suite de concerts brillants et magiques, pour un moment inoubliable. A apprécier avec une couverture cependant.


	jan 25 Lu	J'ai franchi une nouvelle étape dans l'intégration de la communauté des français de Calcutta (cf. Mai 20). Vu que je pars dans 2 mois, il y a urgence. En fait 2009 a vu une renaissance spectaculaire de la communauté: alors que la réouverture de la Mission Economique (fusionnée avec le consulat) a permis de refaire fonctionner le réseau des entreprises françaises, le nouveau directeur de l'Alliance Française a relancé les activités culturelles (aidé par le festival Bonjour India de décembre-février). Enfin le groupe des femmes d'expat' de Calcutta Accueil organisent depuis la fin d'année des sorties découvertes et culturelles dans et autour de Calcutta. Tout bouge ici, même les français!

jan 26
Ma

La roue tourne encore: j'avais débuté mon séjour avec un mariage (cf. Fév 13), et je retrouve un mariage pour finir. La cérémonie est bengalie, alors que celle de l'année dernière était de biharie: cette fois le marié est en blanc avec une couronne conique. Les rituels diffèrent un peu, comme les tours de la mariée portée autour du mari ou les offrandes au feu mais on s'y retrouve.

shubhadristi shagun (monnaie) offrande au feu joies du début

C'est toujours un grand plaisir de suivre ces mariages, qui se font sur 3 jours (mariage chez la mariée, repos, réception chez le marié) et qui regroupent allègrement famille, voisins, collègues de bureau etc.

J'ai piqué la
couronne
du marié


	jan 27 Me	Je reviens à Chandernagore avec le groupe de Calcutta Accueil.(cf. Août 4 & 5). Mais la visite est différente: cette fois on a un guide de l'Unesco, rien que ça! Elle nous montre la douane et le blason de la République, symbole perdu de la grandeur de l'Empire. On visite également l'imprimerie française (la première d'Asie), et un cimetière français abritant la tombe du Dr. Morgain, passé à la postérité pour avoir donné le nom "morgue". Incroyable non?


	jan 28 Je	Retour à Chandernagore (2). La guide pestait contre les travaux de rénovations de l'église principale, qui ont changé de place la statue de Jeanne d'Arc, et même l'on recouverte d'un coup de peinture (!). A côté de l'église, une boulangerie perpétue une très ancienne tradition chrétienne: la fabrication de pain en forme de poisson, qu'on va chercher après la messe. Il parait que c'était très courant en France mais je n'en ai jamais vu ceci dit. La boulangerie propose aussi une variante locale pour refléter la faune : le pain en forme de crocodile, charmant.


	jan 30 Sa	Retour à Chandernagore (3). Alors que le musée français évoque la période coloniale, la guide nous emmène à l'Ashram de Sri Aurobindo pour évoquer la Résistance, les "terroristes" indiens qui attaquaient les Britanniques au début du siècle. Bien souvent ces révolutionnaires étaient protégés et cachés dans les comptoirs français, toujours prêts à faire la nique aux anglais. On peut également profiter du premier portrait de Bharat Mata, « Mère Inde », une personnification du pays inventée par les intellectuels. Ce portrait androgyne est saisissant, mêlant force et conviction masculine aux atours féminins.


	fév 3 Me	Ce week-end je suis allé à la Foire aux Livres. C'est pour moi un événement chargé de souvenirs car c'est la première grande sortie que j'avais faite à mon arrivée (cf. Fév 1). J'en étais resté traumatisé par l'atmosphère irrespirable du nuage de poussière qu'occasion la foire. Cette année curieusement je ne la ressens pas. Mais est-ce que je serai moi-même devenu pollué au bout d'un an ? Ces dernières semaines les festivals se sont enchaînés sans laisser de répit: Bonjour India, Dover Lane, Kolkata Festival by The Times of India, Indo Occidental Symbiosis etc. C'est la saison des festivals, comme on a celle des pujas (cf. oct 31) ou celle des mariage (cf. Jan 26). Tout est toujours plus fort en Inde: les épices plus fortes, les bruits plus forts, les sorties plus fortes. Ce pays est celui où on vit plus fort.


	fév 4 Je	Dimanche dernier, j'avais dû aller à la Foire tout seul: Ashok était parti au sanctuaire de la région d'à côté, Debosmita recevait la belle-famille, Soumya travaillait, Jay rendait visite à un ami, Arnab devait gérer des cousins à l'improviste. Plus qu'une anecdote, cela illustre la notion d'individualisme différente en Orient et en Occident: les indiens ont moins de« temps pour soi » car ils sont toujours accaparés par la famille (de loin) ou le travail, la religion, les relations sociales. Un ami que j'invitais à un concert trouvait incroyable de prendre une soirée pour lui-même. Dans ce pays surpeuplé, on n'est jamais tout seul et la famille est un soutien de tout instant. Mais le revers est que parfois on est étouffé, le cas extrême étant sur le mariage (cf. déc 19).


	fév 5 Ve	Hier un de mes lecteurs me disait qu'il voulait vivre en Inde, et me demandait combien faut-il pour y vivre confortablement (quelques restos et des sorties quoi). Bon tout d'abord il faut savoir que le retard économique du Bengale Occidentale fait que la vie y est moins chère qu'à Delhi ou Bombay (c'est toujours ça). D'abord j'ai demandé à Rajarshi: pour un appart' pas trop loin du centre ville, il faut compter entre 8 et 10000 roupies (100€) par mois. Pour la nourriture, mettre 5000 (75€). Ensuite il faut prévoir le domestique, 3000 (45€). Il reste la question du transport. Une voiture de location avec chauffeur revient vite à 10000 pour un usage quotidien, mais en pratique en semaine on peut s'en passer pour les transports en commun, 600 max (10€). Bref, un bon salaire est de 40 000 roupies (600€), le top étant 60 000 (900€). Cependant en discutant avec Mathilde, une expat' française, elle m'explique que trouver un job avec 40k est difficile à Calcutta. C'est un poste d'ingénieur qualifié. On trouve plutôt 20 000 (300€). Ce n'est pas très gênant pour les indiens car la plupart vivent chez les parents, et donc économisent beaucoup sur logement et nourriture. Un autre problème est que les visas de l'ambassade indienne demandent aussi des postes à 40 000, ce qui peut être courant à Delhi mais pas à Calcutta.


	fév 25 Je	Il y a un gros blanc dans ce blog car je suis parti en vacances. Un copain d'enfance a profité du fait que je sois là pour se décider à faire un tour de l'Inde en sac à dos, et je voulais justement faire un voyage avant de quitter le pays. Nous avons opté pour l'Inde du Sud avec ses paysages magnifiques (backwaters), les temples géants colorés et Pondichéry la colonie française. Comme moyen d'action l'indispensable Guide du Routard, que j'avais doublé du Lonely Planet (sans aucun intérêt au final) et surtout ma connaissance désormais approfondie de la société et des transports indiens. Si cela nous a permis de plutôt bien gérer les transports (ah le système de réservation de trains...) et les négociations de prix (plus ou moins réussies), mon hindi fut inutile car c'est la langue du Nord que les Sudistes refusent d'utiliser.

les français
qu'on repère
de loin


	fév 26 Ve	Cochin le comptoir portugais. On commence le voyage en se retrouvant à l'aéroport de Cochin : Thomas vient de Delhi, moi de Calcutta. Passage vite fait avant les backwaters, le vrai objectif. La région de la côte Ouest du Sud fut de tout temps une importante zone commerçante avec l'Occident, la ville étant géographiquement (avec la mer) plus proche de l'Arabie que beaucoup d'autres villes indiennes. Ce rôle crucial du commerce a favorisé un vieux climat de tolérance, et la ville abrite la plus vieille communauté juive d'Inde, qui vint s'installer après la destruction du Temple! La ville est fameuse pour ses filets de pêches chinois, témoins de contacts anciens avec l'Est. Et elle fut un des premiers comptoirs occidentaux avec l'arrivée des portugais dès 1530!

filets chinois

Thirayattam

fév 27
Sa

Les réseaux fluviaux du Kerala. La région est connue pour ses fameuses eaux d'arrière pays, les backwaters. Ce sont plus de 1500 km de lacs et canaux, façonnés par la nature et agrandis par l'homme depuis des siècles. Destinations touristique majeure, les agences proposent pour un prix exorbitant (5000 roupies pour deux, 75) une nuit en bateau. Fraîcheur et verdure garantie, fort agréables après les atmosphères polluées des villes indiennes, mais tranquillité relative, les bateaux se collant les uns aux autres dans une densité effrayante sur ces grands canaux....

la foule de bateaux les écoliers les églises un ramasseur de filet

Toute une communauté vit sur les berges des canaux, les canoës servent de bus. On voit des églises partout, un reste durable de l'influence portugaise.

paysage
de rêve

baignade
au matin

fév 28
Di

Madurai, la ville-temple. L'Inde du Sud est célèbre pour ses temples gigantesques, le « Taj Mahal » du Sud. Madurai possède les plus beaux, dans un ensemble de temples qui couvre consacré. La cité a une histoire multimillénaire, étant mentionnée dans les livres d'histoires des auteurs Grecs et Romains qui y établirent de solides relations commerciales.

vue générale détail (Shiva) détail (Krishna enfant)

Les temples du Sud sont caractérisés par de grands portiques surchargés de milliers de statues. Chaque détail présente des scènes des épopées mythologiques indiennes, et des dieux habituels (Shiva, Vishnu, Krishna etc.).

cérémonie musique vache sacrée

Ces temples sont dits « vivants » car il s'y passe toujours des cérémonies, des cours etc. Les sols sont décorés de peintures, les portiques sont refaits tous les 15 ans, on y trouve des animaux (l'éléphant est très populaire). Les sanctuaires sont des villes dans la ville, avec une vie, une économie, une urbanisation propre.

Meenakshi
Amman
temple


	Mar 3 Me	En Inde les bâtiments principaux sont en général les temples hindous multi-séculaires et les palais des Maharajas de l'époque ottomane. L'image ci-jointe est la façade rénovée du Palais Tirumalai Nayak de Madurai, qui présente un spectacle "son & lumière" assez bluffant la nuit (vignette). Par opposition, les conquérants britanniques ont laissé peu de palais, mais des gares ou des bureaux d'administration. Les anglais n'étaient pas intéressés à vivre en inde, mais juste à l'exploiter.

Mar 4
Je

Tanjore, patrimoine mondial de l'Unesco. L'Inde possède le nombre incroyable de 27 sites listés « patrimoine mondial de l'Unesco ». Où que vous alliez il y a une merveille à chaque coin de ville. Le site de Tanjore présente aussi un « temple vivant Chola » qui date du Xème siècle (=Moyen Âge), bâti par le grand roi Rajaraja (=RoiRoi) de l'empire maritime Chola, une période unique d'influence de l'Inde en Indonésie et Malaysie.

big Nandi détail sortie scolaire!!

Consacré à Shiva, son enceinte comporte des milliers de petits taureaux (son animal) et un autre abrite un grand taureau monolithique de 4m de haut. Le temple principal abrite un gigantesque Shiv Lingam.

D'autres bâtiments dans la ville sont le Palais et la Grande Bibliothèque Saraswathi, qui contient plus de 30 000 vieux manuscrits, dont une collection de caricatures de Charles le Brun.

Brahadish-
wara
Temple

Mar 5
Ve

Pondichéry entre la France et l'Inde. Un des grands moments de ce voyage était le passage au comptoir Français de Pondichéry. Témoin d'une présence très ancienne, le territoire fut administré par la France jusqu'en 1954 et ici les français n'ont laissé que des bons souvenirs. Pas de temples géants, pas de villes gigantesques, le comptoir reste un petit havre de paix, où il fait bon de se reposer sous le doux climat du Sud.

On y passe 2 jours avec Thomas, en se délectant des petits restaus français et d'un onglet à l'échalote mémorable. Un rêve on vous dit.

Une guest house très
sympathique
et
chaleureuse.


	Mar 6 Sa	Madras la mal aimée. La ville fait partie des "big 4": Delhi, Calcutta, Bombay, Madras. Et comme elles, elle a été renommée au tournant du siècle: Delhi, Kolkata, Mumbai, Chennai. La ville attire peu de prime abord: les embouteillages de Delhi, moins de bâtiments comme Calcutta, un centre de cinéma moins important que Bombay. Pour être honnête, la ville a tout de même de beaux restes de l'époque coloniale, et se veut surement moins prétentieuse que ses comparses. la gare centrale église le « Tollywood »

Le fort
St George,
qui avait
les pieds
dans l'eau
il y a
quelques
siècles!!


	Mars 7 Di	Les belles plages du Sud offrent un spectacle courant: les indiens qui vont dans l'eau tout habillé! Ici la pudeur réfute les bikinis, et les occidentales qui s'en moquent doivent s'accommoder avec le fait d'avoir un public de jeunes hébétés quand elles sortent de l'eau. De toute façon, un sari mouillé qui colle à la peau ne cache plus vraiment les formes non plus... Les garçons vont plus facilement en caleçon par contre. De façon paradoxale, je trouve dans une petite ville de passage une « boutique à capote ». Sans grand succès, l'Inde fait aussi du planning familial.


	Mar 8 Lu	Dans le Sud, on peut voir dans les rues des « affiches de morts ». Une façon d'annoncer à des kilomètres à la ronde la perte d'un être cher. Plus on est riche, plus il y a d'affiche je suppose. Les processions funéraires sont visibles avec moult lancés de pétales sur la route. Il parait que pour les personnes de plus de 60 ans il y a tambour et trompettes en supplément.


	Mar 9 Ma	Un exemple de ces nombreux petites choses qui sont si passionnantes en Inde: se promener dans les rues des villes du Sud et admirer les rangoli. Ce sont des dessins fait par les femmes chaque matin sur les seuils ou dans la cour des maisons. Elles tracent d'abord en pointillé le contour des motifs géométriques à l'aide d'une poudre blanche, habituellement de calcaire ou de riz, avant de le remplir d'une série de lignes. En plus d'ajouter une touche d'art et de beauté au foyer ou au temple, les rangolis protègent la famille ou le lieu sacré. Les dessins sont transmis de mère en fille. Certains sont très anciens et remontent à des centaines d'années. Des formes florales ou animales s'ajoutent parfois aux peintures, mais le pouvoir des rangolis tient à sa géométrie complexe. Nous voici avec les arcanes réelles d'Histoire Secrète!

Mar 10
Me

Hampi, le sanctuaire dans la jungle. Dans le cœur de l'Inde, vers le Sud, se trouve Hampi, l'ancienne capitale d'un des plus grand Empire de l'Inde du XIIIe au XVIe siècle (= pré-Renaissance). Important centre religieux, le site de plus de 40 km2 était perdu dans la jungle avant d'être « redécouvert » par les anglais puis inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco après le soutien acharné d'un couple d'archéologues français.

détail détail détail temple du Grand Lotus

Le site présente des temples remarquablement conservés, avec de nombreux détails de pierre taillée visibles, présentant des scènes de combat, de vie ordinaire et même des scènes érotiques.

le chariot
de pierre

les étables
pour
éléphants


Mar 11 Je	Revenons un peu à Calcutta. Pendant des années, les colons britanniques associèrent avec terreur la ville avec le « Trou Noir ». En 1756, les britanniques s'étaient bien établi au Bengale, et s'immisçaient un peu trop dans les affaires intérieures du pays au goût du sultan. Démontrant son pouvoir, il attaqua la ville et prit le fort. Les prisonniers, militaires et civils, furent alors entassés dans une cellule de 5m x 6m, dans l'insoutenable chaleur de l'été indien. Les conditions furent si terribles que le lendemain matin, on comptait 123 morts sur 146, par chaleur ou asphyxie. Mais en réalité cet incident marqua la fin pour les indiens: les anglais reprirent vite le fort et l'année suivante la défaite (et la mort) du sultan lors de la bataille de Plassey scella le sort de l'Inde.	Monument au victimes du Trou Noir (mis à l'écart depuis l'indépendance)


	Mar 12 Ve	Une pierre tombale dans un cimetière anglais illustre aussi la mortalité effroyable des colons anglais en terre tropicale. La stèle ci-contre retrace la vie de Mrs Frances Crook (1725-1812), une des Premières Dames de Calcutta. Mariée au Gouverneur de la ville, Mr Templer, elle finit veuve et épousa Mr Altham mais il mourut en quelque jours. Elle dût enchainer avec Mr Watts puis a assuré sa voie au paradis en épousant le révérend Johnson. Du premier elle eut 2 enfants qui moururent en bas âge, puis du 3e mari encore 4 enfants (dont 1 mourut aussi enfant). Elle a enterré tout le monde!


	Mar 14 Di	Au travail, Pranabès me rapporte un incident qui montre la solidarité formidable des indiens. C'est le père d'un de ses amis qui est à l'hôpital, et a un besoin urgent de sang A+. Dans les misérables hôpitaux indiens, il faut aller acheter le sang soi-même. Pranabès fait le tour des collègues pour savoir qui est compatible et pourrait donner son sang. On en trouve 2. Un autre collègue va prêter sa carte de receveur prioritaire pour le père. Ce n'est pas un exemple isolé. Souvent les indiens vont se démener pour aider la famille de leurs amis dans les coups durs.


	Mar 15 Lu	Le 8 mars était la journée mondiale de la femme. En Inde comme en France, c'est surtout l'occasion de quelques articles dans la presse et des déclarations de politiciens. Cette année cependant fut l'occasion d'une bataille homérique à l'Assemblée, le gouvernement ressortant un vieux projet de 12 ans qui prévoit 1/3 des postes publics pour les femmes. Pour les politiques, cela veut dire que par rotation, certaines circonscriptions doivent être féminines. Après une bronca terrible dans l'hémicycle, la chef de parti Sonia Gandhi a passé la loi au forcing. Curieusement la controverse ne portait pas sur le principe du quota, car l'Inde en a déjà plusieurs, mais sur quels quotas, car il faut aussi penser au quota pour musulmans, au quota pour intouchables etc.


	Mar 16 Ma	Sur ce site vous avez pu voir à de nombreuses reprises des photos d'arbres indiens qui, portés par le climat, sont souvent plus grands, plus extravagants que leurs cousins européens (cf. portfolio). Calcutta possède le plus grand et le plus célèbre des arbres banyans de toute l'Asie: l'arbre géant du Jardin Botanique. Aussi vieux que la ville, âgé de 250 ans, il est aujourd'hui si vaste que 6000 personnes peuvent s'abriter sous ses branches. Chacune de ses branches a créé une racine qui a rejoint le sol, et ainsi reformé un tronc, plus de 3000 en tout! D'ailleurs une pierre tombale se dresse ?? l'endroit du tronc original qui a dû être retiré en 1925!L'arbre est une forêt à lui seul.


	Mar 17 Me	Calcutta Accueil nous fait visiter ces jours-ci les maisons des babous. Les babous sont les indiens nouveaux riches lors de l'époque britannique. Facilitateurs du commerce entre européens et indiens, ils s'étaient considérablement enrichis mais ne furent jamais reconnus comme égaux par les colonisateurs, puisque non-blancs. Ce groupe faisait alors un étalage de richesses inouïes, bâtissant des villas remplies de chandeliers de cristal de Sèvres, de statues d'Italie, chaque pièce étant couverte de marbre. Le bling bling de l'époque.

une tête de
tigre pour
se la péter


	Mar 18 Je	Calcutta Accueil nous emmène à la rencontre de la communauté des juifs de Calcutta. Venus à la suite des occidentaux, les juifs prospérèrent vite dans leurs domaines de prédilections (joaillerie, justice, médecine) et dans leurs beaux jours furent entre 4000 et 5000. Ils bâtirent écoles, synagogues et cimetière. Mais désormais il ne reste plus que 38 vieillards et les synagogues ne sont plus ouvertes. A Cochin aussi la communauté se meurt. Alors que les juifs sont présents en Inde depuis des millénaires et qu'il n'y eut jamais vraiment d'antisémitisme, beaucoup partirent avec la période incertaine de l'Indépendance en 1947 et surtout avec la création d'Israël en 1948. Aujourd'hui l'école juive n'a plus de professeur ou d'élèves juifs. L'école reste de très bonne qualité et est remplie d'enfants musulmans de quartiers défavorisés qui chantent des Shaloms dans les fêtes! Incroyable Inde!

synagogue

Torah


	Mar 19 Ve	Au marché, je peux voir ce marchand de bouse de vache. Comique, il se coiffe d'une couronne de bouse pour la photo! Il propose des bouses en forme d'étoile ou de fer à cheval. Les bouses sont très utilisées comme combustible pour le feu, ce devait être le cas en France aussi j'imagine.


	Mar 20 Sa	En ce moment se déroule le IPL, le championnat indien de cricket, ce jeu qui entraîne des excès de fièvre dans la population, comme le football chez nous. Le cricket est un sport anglais, mais qui a bien pris dans le pays et comme pour le football des riches magnats (acteurs bollywood, industriels) possèdent les clubs des villes principales. Mes collègues de bureau m'ont fait plaisir de m'inviter à un match, les Chevaliers de Kolkata Vs les Challengers Royaux de Bangalore. Le cricket est finalement un jeu assez simple: selon un nombre de round prédéfini, une équipe va lancer la balle tandis que l'autre doit l'attraper, comme au base-ball. L'équipe va ainsi marquer des points. Puis on change les rôles, et l'autre équipe doit surpasser le score. Le panneau va indiquer les rounds (overs) et les points (runs) et le score à battre (target). Avec les collègues on a pu hurler pour supporter l'équipe, tandis que l'on pouvait apprécier les cherleaders au look fort peu indien.

Debosmita
super fan!


	Mar 23 Ma	La vie sociale des gays en Inde est encore largement souterraine. Pas de bars ou de boîte, peu d'affichage. Les associations sont des groupes fermés qui ne font pas de publicité. Internet convient bien à ce système: des logins anonymes, pas de photos, du sexe rapide et sans attache. On connait peu d'amis homos. Et pourtant à l'ère du téléphone portable, on appelle un pote si on sort le samedi, celui-ci appelle ses propres potes, qui eux-mêmes ramènent du monde, et d'un coup c'est quinze homos qui discutent dans un coin.


	Mar 24 Me	La société indienne est globalement tolérante, mais reste fort conservatrice dans les mœurs. Et le garçon qui veut coucher avec une fille devra faire preuve d'obstination. De ce côté les homos sont plus favorisés : on va sur le site internet, on échange deux photos et on tombe d'accord. Mais alors se pose le problème crucial du "lieu" : on peut difficilement recevoir quelqu'un quand ont vit chez ses parents et quand ceux-ci connaissent tous vos amis. Les hôtels sont un endroit possible uniquement les hommes d'affaire et les étrangers car ça coûte cher. Reste surtout les amis complaisants...


	Mar 25 Je	Existe-t-il des couples gays en Inde? Certains comme Soumya et son copain sortent ensemble depuis 1 an, mais leurs familles ne sont pas au courant. Evoquer le futur devient alors un sujet à éviter.. Dans des classes plus aisées, d'autres sont ouverts à leur famille et amis, mais pas forcément le petit copain avec sa famille. Un couple homo reste une relation extra-ordinaire même pour les grandes villes (et inimaginable dans les villages). Dans ce pays, les femmes divorcées se battent toujours pour ne pas être considérées comme paria alors un couple homo...


	Mar 26 Ve	En Inde l'occidental est riche, il se déplace en taxi. De toute façon les bus ce n'est pas possible, ils sont dangereux (faut sauter en marche pour entrer et sortir), ils n'ont aucun horaire et il faut connaître les lieux pour savoir où il passe. Mais le taxi lui-même n'est pas de tout repos. Première difficulté, le chauffeur ne parle pas anglais, il va falloir jouer avec les mains. Quelques mots de hindi sont précieux ici : « sida » tout droit, « baya » à gauche, « daya » à droite. Il vaut mieux avoir l'adresse sur un papier aussi, car de toute façon votre prononciation sera incompréhensible pour lui. Deuxième difficulté, une adresse ne sert à rien en fait, il faut avoir le "point de repère": la poste, le nom de restaurant à côté etc. Ensuite il va s'arrêter quinze fois en route pour demander aux passants, c'est la méthode GPS locale. Troisième difficulté, bien prévoir la monnaie, et savoir calculer le montant. La formule est : "compteur x 2 + 2", soit 122 roupies si le compteur est à 60. Et chaque ville a sa formule, ce serait trop facile sinon. Vous voilà prêt à partir!


	Mar 27 Sa	Jeudi 25 dernier c'était mon anniversaire. C'était surtout ma soirée de départ, que mes collègues attendaient depuis longtemps. Après avoir regardé 3 ou 4 lounge bars à City Centre avec Debosmita, nous avons sélectionné un bar avec terrasse, et négocié 750 roupies par tête pour repas + boisson sans alcool à volonté. Pour les 30 personnes de la boîte, cela fait une bonne somme tout de même (~350 euros). Heureusement, le manager de la boîte m'a aidé en offrant une tournée de bière, car je sentais bien les déceptions monter... Maintenant que je suis incollable sur les derniers tubes des films boolywood, j'ai pu danser jusqu'au cœur de la nuit (c'est à dire 23h, il y a travail demain).


	Mar 28 Di	Mon dernier voyage portait sur un autre patrimoine mondial de l'Unesco: les statues géantes des grottes Elephanta, près de Bombay. Placées sur une île perdue à côté de la ville, on perd un après-midi et on souffre de la chaleur, mais le charme du Shiva trimurti (à trois tête) est indéniable. Datées du milieu du Moyen-Âge pour nous, ces statues possèdent une expressivité remarquable, que ce soit la sérénité du Shiva central, au milieu entre le Shiva de destruction (à gauche) et celui de création (à droite), ou que ce soit sur le Shiva Tueur (ci-dessous), armé d'un glaive dans la main droite et d'une bol pour récupérer le sang du démon dans la main gauche. Regardez son air féroce, à glacer le sang.


	Mar 29 Lu	C'est mon dernier jour en Inde. C'est la fin du voyage. C'est la fin des adieux aussi, et c'est tant mieux car ces dernières semaines, chaque rencontre était une séparation, chaque sortie était un au revoir. Moi qui n'aime pas les adieux, j'ai été servi. C'est aussi la fin de ce blog, une première expérience. Depuis janvier 2009, ce sont 303 commentaires, presque tous les jours. J'ai toujours été fort bavard... Je remercie mes lectrices et mes lecteurs, ceux qui m'ont accompagné dans ce voyage, et je les invite à se déplacer eux-mêmes dans cette Incredible India!, car aucun récit ne remplace l'expérience personnelle. Que je râle ou que je m'émerveille, j'ai voulu inviter à la rencontre de l'autre dans ces commentaires, et montrer comment la découverte d'ailleurs est toujours enrichissante. Au revoir.



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