Bâti lors de l'arrivée de l'Islam en Inde, un monument principal de Delhi est Qutb Minar, le plus beau minaret de l'empire musulman. Datant du XIIème siècle (au temps des croisades), la tour est haute de 72 mètres, et est à côté de magnifiques ruines de la mosquée Quwwat-ul-Islam. La mosquée est composée d'éléments architecturaux arrachés aux temples hindous et jaïns adjacents, et témoignent de l'extraordinaire habilité des hindous, spécialistes du travail de la pierre.
A côté de la grande tour se trouve le Pilier de Fer, haute de 7 mètres. Beaucoup plus ancien (IVème siècle), c'est également à lui seul une prouesse technique pour l'époque: il faudra attendre le XIXe siècle pour que l’occident réalise des éléments en fer d’une aussi grande pureté !

Delhi offre une profusion de temples de toutes fois, anciens ou récents. Le Temple du Lotus n'a que 20 ans. Dernier opus des sept temples bahaï dans le monde, celui de Delhi étonne par son architecture en marbre blanc représentant une fleur de lotus, d’où son nom. Ici, croyants ou non, de toutes religions confondues, vous pouvez entrer dans le temple, le visiter ou méditer en silence. On vient par milliers soit pour se recueillir, soit pour admirer l’architecture unique du site composée de 27 pétales ouverts vers le ciel. Autour de ces pétales, vous trouverez neuf bassins d’eau. La religion bahaï a été fondée en Perse en 1863 par baha’ullah. Le principe même du bahaïsme est de reconnaître les prophètes de toutes les religions, dans un objectif de paix universelle. Ainsi, il y aurait un seul dieu, une seule religion, une seule humanité… Elle regroupe tout de même 7 millions de personnes.

En face se trouve le (très récent: 10 ans) temple ISKCON, plus connue sous le nom de Hare Krishna. Le temple est également syncrétique, mais plutôt d'une fusion du religieux et du commercial. Dans le complexe se trouve restaurant, petite boutique et une exposition de son et lumière sur l'hindouisme, très réussie d'ailleurs. On se croirait chez Disney. Une exposition explique avec moult pièces à conviction que le darwinisme est foutaise et que l'homme existait il y a plusieurs millions d'années, comme c'est écrit dans les Védas. La secte Hare Krishna n'a que 50 ans et vient des Etats-Unis. La caractéristique de ce mouvement est la répétition quotidienne d'un mantra : "Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare, Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare  Hare" Ce mantra est destiné à réveiller la conscience spirituelle endormie. Les dévots doivent le répéter 1728 fois par jour, ce qui revient à égrainer seize fois un chapelet de 108 grains. Les adeptes ne prennent leurs repas qu'après l'avoir offert à Krishna. Ils sont exclusivement végétariens et ne prennent ni drogue, alcool, ni thé, ni café. Ils s'abstiennent de tout jeu de hasard et l'activité sexuelle n'a que pour seul but de procréer. Ils n'ont pas de mobilier, de voitures personnelles, de télévision, de vacances ou autres divertissements. Toute leur activité est centrée sur l'évolution spirituelle. Ce qui semble tout de même contredit par ce site de prévention des sectes. Elle regrouperait environ 1 million de croyants.

Delhi possède la plus grande mosquée de l'Inde, Jama Masjid. Elle fut bâtie par Shah Jahan, le constructeur du Taj Mahal. Entourée de deux immenses minarets de 40 mètres de haut, ce haut lieu de culte accueille près de 25 000 fidèles à l’appel du muezzin. Les trois dômes de marbre blanc au-dessus de la salle de prière sont remarquables et le portail de l’entrée très travaillé. Contrairement aux autres lieux de cultes (chrétiens, hindous), les mosquées sont des lieux ouverts et sans mobiliers, dont l'architecture simple reflète la simplicité du message divin musulman. L'ensemble reste imposant et invite au recueillement.

Je finis ma journée (express) avec un ancien temple Jaïn. Cette religion est une des plus vieilles du monde, elle est contemporaine du Bouddhisme (VIIème siècle avant JC). Il y a 4 millions de jaïnas en Inde. Le principe semble assez semblable: un prince indien quitta son palais pour chercher l'illumination, et a trouvé la voie. Le fondateur mythique serait né avant l'apparition de la civilisation de l'Indus (c'est-à-dire 2500 avant J.-C.), le jaïnisme serait donc antérieur à l'hindouisme. Les jaïnas considèrent l'Univers comme éternel, sans début et sans fin. Ils diffèrent en cela des hindous qui croient en la création et la destruction de l'Univers. Les deux croient au cycle des réincarnations (un même karma pour plusieurs corps), et du coup sont végétariens et non-violents. Les jaïnas ne vénèrent aucune divinité mais prient les sages et les saints de leur religion. Le symbole sacré des jaïnas représente la paume d'une main au milieu de laquelle se trouve une chakra, puis une svastika (symbole du cycle de la vie) surmontée de trois points (représentant les trois joyaux) et d'un demi-cercle entourant un point (représentant l'âme libéré dans la partie supérieure de l'Univers.)

 Dans la ville de Calcutta, on sent l'effervescence monter parmi les habitants. "Durga Puja approche". Vous aurez peut-être noté que la vie des indiens est ponctuée de festivals (Saraswati Puja" le Jan 31, Holi en Mars, le mois Shravan cf Août 6, etc.). Le plus grand d'entre eux est Durga Puja. Célébré dans toute l'Inde, ce festival prend des proportions gigantesques à Calcutta: 5 jours non-stop de célébrations, toute la ville arrêtée pour l'occasion du 25 septembre au 2 octobre. Autant dire que ce n'est pas une bonne nouvelle pour mes collègues de bureau français. Mais c'est un bon business pour les fabriquants d'idoles, ou les vendeurs d'habits de fête. Tous les habitants dépensent des fortunes pour avoir le plus beau pandals (temple temporaire) du quartier. Plus de deux mille dans la ville! C'est promis, on en reparle bientôt.

 Jeudi dernier, c'était enfin l'ouverture du Durga Puja! La foule s'amasse dans la rue toute la nuit pour découvrir tous les pandals, les temples temporaires en bambou et papier mâché créés par les organisations de quartier (cf. sept 9). Malins, mes collègues de bureau ont prévu de faire un tour la veille pour éviter la foule. Prévoyants, ils ont préparés la liste des pandals les plus grandioses parmi les milliers érigés dans la ville. Les organisations de quartier rivalisent d'ingéniosité pour faire le pandal le plus grand, le plus beau, le plus exotique. 

Bien sûr, le pandal comprend toujours deux parties: le temple extérieur, fait en bambou, et la statue de l'idole à l'intérieur. 

 Les idoles présentent moins de diversité, dévotion oblige. La représentation canonique est une scène ambivalente, à la fois guerrière et familiale: on voit en même temps la déesse armée face au démon, mais aussi la mère au visage aimant entourée de ses enfants: 

• à gauche, Ganesh (à tête d'éléphant), dieu du Savoir et de la Vertu. Il favorise les bonnes affaires ; son animal est le rat (par ailleurs à côté se trouve parfois une branche de bannanier encapuchonné dans un sari: c'est normal, c'est sa femme!) ; 
• puis Lakshmi, déesse de la Beauté et de la Prospérité ; son animal est la chouette ; 
• au centre règne la toute-puissante Durga pourfendant de son trident le roi-démon ; le combat jouant sur les métamorphoses, elle a comme monture un lion pour attaquer le démon transformé en buffle ; 
• à sa droite Saraswati, déesse de la connaissance (cf. Jan 31) ; son animal est le cygne; 
• enfin Kartik, dieu de la beauté ; son animal est le paon.  

 Comme souvent en Inde, la fête est vivante. Durga Puja n'est pas qu'une suite de pandals à visiter. A côté des constructions grandioses, chaque quartier fait son pandal à sa taille, et organiser un grand repas de quartier avec tous les habitants est l'essence même de la fête. Dans la salle de fête de l'immeuble de ma maison d'hôte les enfants dansent devant les idoles. Les fêtes sont bruyantes, avec force dahk (tambours) et chants religieux.

 Certains temples sont d'une originalité folle. La statue de la liberté, un temple futuriste... La mode cette année est bien sûr aux temples écologiques qui alertent les gens sur la pollution. Un air qu'on connait bien à Calcutta. 

Mon pandal préféré est bien sûr celui qui porte un message un peu politique: le groupe de déités est représenté sous la forme d'indigènes indiens, Durga pourfendant le démon-colonisateur britannique. Pour l'occasion les attributs des dieux sont remplacés par des oiseaux.

 Mais qui est la puissante Durga, la Tueuse de démons, la Buffy hindoue? La mythologie hindoue nous explique l'histoire de la cruauté du terrible roi-démon Mahisasura à l'égard des dieux. Excédés par sa tyrannie, les dieux implorèrent Vishnu d'anéantir le démon. La Sainte Trinité hindoue composée de Brahma, Vishnu et Shiva fusionna alors pour donner forme à un avatar féminin surpuissant doté de dix bras: la déesse Durga, la Mère de l'Univers qui personnifie la source primitive de tout pouvoir. Les dieux accordèrent alors à la création Suprême leurs dons et leurs armes. Ainsi armée comme une guerrière la déesse enfourcha un lion pour combattre Mahisasura. Né d'un roi-démon et d'un buffalo (un cousin du Minautore quoi), le démon pouvait passer d'une forme humaine à une forme animale à volonté. Après un féroce combat, la déesse transperça le démon avec son trident. Les cieux et la terre se réjouirent de sa victoire, celle du Bien contre le Mal. 

Il faut bien comprendre cependant au-delà de la légende, que les dieux hindous sont fondamentalement liés les uns aux autres, les idoles étant juste un medium local qui permet d'adorer l'Absolu. Ma Durga est avant tout la « Déesse Mère », la Vénus préhistorique. Elle est une autre forme de Parvati, la femme de Shiva ;  une autre forme de Kali, la déesse destructrice d'univers ; une autre forme de Vaishno enfin (cf. Avr 29).

 Tous ces pandals et tout le l'achalandage économique ne doivent pas nous faire oublier l'essentiel: Durga Puja est une fête religieuse. Elle possède un début (mise en place de l'idole) et une fin (immersion de l'idole), comme toutes les pujas, mais en plus des rituels précis établis depuis la nuit des temps ponctuent chaque jour du festival : Mahalaya est le 1^er jour (cf. sept 18) ; Maha Shashti est le 6^e jour où sont dévoilées les idoles ; Maha Saptami est le 7^e jour ; Maha Ashtami est le 8^e jour où le prêtre bénit la statue avec un grand feu ; Maha Navami est le 9^e jour où les pandals se closent ; Bijoya Dashami est le 10^e et dernier jour. Seules les femmes sont alors autorisées à donner à manger et à boire à la Déesse-Mère, puis les gens s'aspergent de craies de couleur, et enfin tout le monde part en procession pour transporter l'idole vers le Gange (au pire un équivalent liquide pas loin) où elle se dissoudra, les idoles étant faites de boue (du Gange toujours). 

• 17-09 Vishwakarma Puja
• 18-09 Mahalaya (Durga Puja -10) 
• 25-09 Durga Puja débute (Saptami) (spécialité de Calcutta)
• 28-09 Durga Puja finit (Dashami) 
• 03-10 Lakshmi Puja
• 17-10 Kali Puja  / Diwali    (spécialité de Chandernagor)
• 27-10 Jagaddhatri Puja         (spécialité de Barasat)

Bouddhisme. - La population du Sikkim marie harmonieusement ses minorités, les lepchas animistes, les népalais hindous et les bhoutias bouddhistes. Le soutien est fort au Tibet voisin, en particulier au monastère de Rumtek (cf. photo), surnommé « monastère aux mille bouddhas » et siège du Grand Lama Karmapa en exil. Sur les maisons, banques et autres bâtiments de Gangtok, on trouve les 8 symboles auspicieux du bouddhisme, que le touriste peut acheter en bannière, et dans les montagnes les stupas et fanions colorés des textes bouddhiques apportent protection et spiritualité.     

Monastère de Rumtek		dol-jor		Institut de Tibétologie

Madurai, la ville-temple. L'Inde du Sud est célèbre pour ses temples gigantesques, le « Taj Mahal » du Sud. Madurai possède les plus beaux, dans un ensemble de temples qui couvre consacré. La cité a une histoire multimillénaire, étant mentionnée dans les livres d'histoires des auteurs Grecs et Romains qui y établirent de solides relations commerciales.

                          
    vue générale       détail (Shiva)         détail (Krishna enfant)

                      
     cérémonie           musique                 vache sacrée

Tanjore, patrimoine mondial de l'Unesco. L'Inde possède le nombre incroyable de 27 sites listés « patrimoine mondial de l'Unesco ». Où que vous alliez il y a une merveille à chaque coin de ville. Le site de Tanjore présente aussi un « temple vivant Chola » qui date du Xème siècle (=Moyen Âge), bâti par le grand roi Rajaraja (=RoiRoi) de l'empire maritime Chola, une période unique d'influence de l'Inde en Indonésie et Malaysie.

                    
     big Nandi               détail              sortie scolaire!!

D'autres bâtiments dans la ville sont le Palais et la Grande Bibliothèque Saraswathi, qui contient plus de 30 000 vieux manuscrits, dont une collection de caricatures de Charles le Brun.

Hampi, le sanctuaire dans la jungle. Dans le cœur de l'Inde, vers le Sud, se trouve Hampi, l'ancienne capitale d'un des plus grand Empire de l'Inde du XIIIe au XVIe siècle (= pré-Renaissance). Important centre religieux, le site de plus de 40 km2 était perdu dans la jungle avant d'être « redécouvert » par les anglais puis inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco après le soutien acharné d'un couple d'archéologues français.

                  
      détail               détail               détail         temple du Grand Lotus