india 2009
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Jul 17
Ve
Bonsoir, voici un petit mot pour dire que je suis bien arrivé, que le voyage s'est bien passé, que le transit à Dubaï, c'est toujours fluide sans soucis. Oubliés les histoires de crashs d'avions des dernières semaines, ou les stands de vérification systématique de gripe porcine à l'aéroport. A Athènes on passe de façon transparente devant un détecteur de chaleur, à Kolkata il y a une stand supplémentaire lors de la sortie de l'aéroport avec des personnes qui vont ausculter le poignet de tout le monde. Les voyages en avion se ressemblent, les gens aussi: assis à côté d'un couple de français de Paris à Dubaï, on n'échange pas une parole ; assis à côté d'une jeune indienne de Dubaï à Kolkata, on discute plusieurs minutes avant de finir la nuit. Bon, je ne vais pas traîner ce soir, je suis assez fatigué.
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Jul 20
Lu
En arrivant en Inde Vendredi, j'ai dû faire face à une situation de crise, mais qui nous est bien connue en France: la grève. Sauf qu'ici cela prend des allures démesurées. Les transports en commun sont coupés, les rues bloquées et les commerces qui ouvraient étaient attaqués par les manifestants. A l'aéroport, je devais forcer le passage des manifestants, et au bureau, ben y avait personne! D'ailleurs c'est bien ça: je quitte l'Inde avec un bureau évacué pour cause de tornade, je rentre en Inde avec un bureau déserté pour grève. Contrairement à chez nous, la grève est ici conduite par le gouvernement central, pour protester contre des violences faites à ses partisans en campagne. Du coup les transports municipaux ne marchent pas. Les affaires politiques indiennes sont plus "chaudes" que les nôtres (cf. Apr 12 et les "taggeurs") et les policiers ont ordre de "regarder sans rien faire".
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Jul 21
Ma
J'ai du retard dans la mise à jour du blog. C'est le retour au pays, cela dérègle un peu mes habitudes. J'ai la crève avec la clim' à fond mais surtout un gros souci est le crashage du portable! Du coup cela va être compliqué pour mettre à jour mes données ou passer des coups de fil. Cette année n'est vraiment pas celle des ordis, entre mon portable de bureau que j'ai réinstallé 4 fois (!) et maintenant mon portable perso qui me lâche. C'est galères non-stop. Et le pire est que je ne tiens pas du tout à racheter un portable en étant ici, alors que les machines ne tiennent pas. Je vais voir si je peux m'arranger au boulot.
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Jul 24
Ve
Ma crève s'est muée en crise de rhinite, telle que je n'ai pas pu aller au boulot le mercredi matin. Et fort logiquement j'ai une toux grasse qui perdure de mercredi à ce week-end.  Dans ce contexte de grippe porcine, je n'arrête pas de tousser, ça y est je suis contaminé! Ici il fait chaud et humide, même si ce ne sont pas les terribles pluies diluviennes de la mousson, qui tarde à sévir cette année, et donc a priori ce n'est pas le froid qui devrait faire tomber les gens malades. A part les aéroports, on parle peu de la grippe, on est loin de l'hystérie française ou britannique. Je cherche à voir comment ressuciter le portable dans un réparateur. 
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Jul 25
Sa
Vendredi c'est encore jour de grève! Décidemment on prend des habitudes. Cette fois ce sont les lobbies de transports (bus, taxis, autos) qui font "journée morte". La raison? Un jugement de la Cour de Justice sur la pollution en ville qui ordonne que les véhicules de plus de 15 ans (!!) ne soient plus autorisés à rouler. L'impact est important: 3 000 bus sur 15 000 ; 6 000 taxis sur 42 000 ; 10 000 autos sur 80 000 (!). Au passage cela donne une idée de l'importance du réseau de transport dans une ville de 19 millions d'habitants, excusez du peu. Et ceci alors que les périphs sont quasi inexistants ou obsolètes. Et une seule petite ligne de métro avec 17 stations. En France même Rennes (200 000 habitants) a deux lignes... Bref tout ceci pollue énormément, et les politiques étant incapables de s'opposer aux lobbies des transports, c'est à la Justice de faire changer les choses. L'arrêt de la cour est connu depuis un an, mais là encore les politiques n'ont rien anticipé, et les lobbies ayant déjà gagné un report de 6 mois fin Mars, comptaient bien encore en optenir un autre. Peine perdue. Pour l'anecdote, il y a encore d'autre moyens de transports antidiluviens à Kolkata: le tramway, avec des wagons qui datent manifestement d'avant la Guerre (la Première), tellement vieux qu'on n'y fait plus payer les gens pour le prendre, et les rickshaws, les pousse-pousse manuels interdits depuis des années. Mais eux ne polluent pas....
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Jul 29
Me
Un des lieux "branchés" de socialisation sont les centres commerciaux. Pour certains, c'est le seul endroit gratuit où on peut profiter de la clim' (cf. Avr 22), pour beaucoup c'est le lieu où l'on passe l'après-midi, avec restos et ciné sur place. Certains proposent un bowling ou même un train fantôme! A un étage, le "court food" propose différents stands de cuisine internationale, où l'on peut se servir avec des coupons d'une caisse commune. On y trouve même des crèpes françaises, j'adore! Le City Centre abrite la clinique Apollo et des concerts sont organisés dans un grand patio. Les centres sont ouverts 24/24 et le dimanche également. Ils sont en général accessibles facilement. C'est l'endroit où je sors avec Ashok le dimanche (et oui j'ai vu Ice Age 3 et  Harry Potter).
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Jul 30
Je
En Inde je me sens un peu isolé, c'est sûr. C'est curieux dans un pays surpeuplé ceci dit. Depuis mon retour, j'ai eu la confirmation du départ de Ashok, avec qui j'ai passé tous mes week-ends depuis ces derniers mois. C'est bien dommage, maintenant on aura moins l'occasion de se voir...  et professionnellement, cela me fait comme un échec si j'ai quelqu'un de mon équipe qui part. Il n'y a pas de raison pourtant, c'est assez courant en société de services. Dans la maison d'hôte, j'ai d'autres hôtes justement, pour la première fois depuis des mois. Un gars, Renu, un quarantenaire de Bangalore y est de passage. Un peu bourru, mais sympa et qui cherche aussi de la compagnie manifestement. Il me promet de sortir dans les bars du coin et connait l'incontournable Someplace Else de Calcutta. La semaine prochaine sera plus riche encore: comme en Mars, j'ai un collègue français qui arrive en même temps qu'un collègue américain. Faut dire que les deux sont en fait des émigrés indiens, cela ne va pas les changer trop.
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Jul 31
Ve
Alors que les posts que j'avais sur l'Inde étaient plutôt décourageants (cf. Fév 9 & Fév 25), une vraie révolution a eu lieu le 2 Juillet dernier: la Haute Cour de Dehli a dépénalisé les rapports sexuels entre adultes de même sexe en Inde. Un arrêt historique dans un pays de plus d'un milliard d'habitants. C'est la récusion de l'article 377 du code pénal de 1860, qui datait l'époque coloniale, et qui n'existe plus en Angleterre depuis des années. Elle est d'ailleurs toujours en vigueure dans les autres anciennes colonies (Bangladesh, Pakistan, Sri Lanka) et prévoyait une peine de 10 ans de prison et une amende. L'arrêt ne s'applique pour l'instant qu'à Delhi, mais son implication est gigantesque et servira de référence aux quatre coins du pays. Cette loi n'était plus appliquée depuis longtemps, mais pouvait toujours servir de pression sur les personnes, et constituaient un obstacle dans la lutte contre la propagation du SIDA. L'Etat indien a toujours été extrêmement équivoque sur cette question. Il s'agit en effet de ne pas s'aliéner les groupes religieux conservateurs hindous, musulmans ou chrétiens, très influents. Les associations LGBT avaient déjà lutté pour plus de visibilité par des pétitions remises à la Haute Cour de Justice (2001) et des marches dès 1999 à Kolkata, mais pas avant 2008 à Delhi et Bangalore!
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Août 2
Di
J'ai récupéré mon ordinateur ce week-end. Un collègue m'a conseillé un réparateur pour professionnels, qui a pu examiner la machine. La cause étant a priori des rhumatismes de la carte mère, qui porte ses 5 ans (= centenaire en années informatiques). Et bien miracle, le portable refonctionne. Ils ont démonté la machine et changé quelques puces et ça marche! Le tout pour 50 euros. J'en pleurerai de joie. Bon ceci dit, la semaine prochaine j'achète un disque dur externe pour tout sauvegarder (et j'ai déjà une copie à Paris de toute façon).
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Août 3
Lu
Depuis mon arrivée en Inde il y a 6 mois, un terme n'a cessé de nourrir mes fantasmes: La Mousson. Ce fameux Délugue qui provoque catastrophes mais rend la végétation luxuriante. Bon, et bien nous y sommes depuis juin, et ce n'est pas si terrible. OK, il pleut plus qu'avant (pas difficile), et les pluies sont très violentes: si il pleut, il faut fuir. Cependant c'est pour l'instant limité à quelques heures par jour, rien d'interminable donc. Normalement la situation doit aller en empirant, pour culminer à des jours entiers de pluie, mais je n'attends plus ça avant septembre. La saison humide est jusqu'ici bien moins terrible que la saison chaude (Avril dernier) car la température redevient supportable.
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Août 4
Ma

Dimanche je suis allé à Chandernagor. C'est une colonie française à 50 km de Calcutta, le long de la rivière Hoogly. Du XVe au XIXe siècle, cette rivière facilement navigable attira les commerçants néerlandais, français, portugais, danois et britanniques. Les campements qu'ils établirent sur les bords de la rivière créèrent alors une "mini Europe" au Bengale. La colonie française remonte à 1673, fondée par Colbert sous Louis XIV. En 1757 les puissances françaises et britanniques bataillèrent pour la suprématie dans la région, et le destin de Calcutta changea à partir de la défaite française. Cependant la colonie demeura sous administration française jusqu'en 1952. Une légère ambiance française reste désormais, autour de l'imposante Résidence de l'Administrateur, face à la rivière, le long des berges de laquelle se trouve une promenade avec des bancs parisiens et un petit débarcadère (voir photo).

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Août 5
Me

La résidence abrite un musée avec quelques souvenirs de l'époque française comme un exemplaire du journal "le petit bengali". J'aurai pu prendre ce nom pour le blog? Des panneaux rappellent l'histoire des différentes colonies qui s'établirent, et une belle maquette représente le fort français: chandernagoretout entouré de remparts, la résidence occupe les 2/3, le reste étant des jardins. Elle fait face à la rivière, en haut à droite. Sur un panneau, on voit les dates de départs de 3 bateaux de Chandernagore à la France: 1 an et demi! Fallait prévoir de la lecture dans les transports en ce temps!

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Août 6
Je
De début Juillet à début Août se trouve le mois le plus sacré du calendrier hindou, consacré à Shiva: le mois "Shravan". La coutume est plus répandue dans les états du Nord de l'Inde. Les jeunes sont invités à faire un pèlerinage pied nu au temple de Shiva le plus proche, en portant sur ses épaules des urnes avec l'eau sacrée du Gange. Ashok a marché 36 km toute la nuit (pour éviter la chaleur) et a les pieds en feu le dimanche! Il faut en plus jeûner les lundis (encore plus sacrés), mais de toute façon Ashok jeûne déjà tous les lundis de l'année. Au terme des 16 jours du mois, le dieu exauce les prières des jeunes hommes (un bon emploi) et des jeunes filles (un bon mari).
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Août 7
Ve
Le 5 Août était la fête de "Raksha Bandhan" qui célèbre le lien de fraternité qui unit deux êtres humains, qu'ils soient frère et sœur dans la vie de famille, ou qu'ils soient de sincères amis, "comme frère et sœur". Ce peut être entre deux personnes de même sexe aussi. Ce lien est représenté par un petit cordon (le rakhi) que la sœur attache au poignet de son frère et demande sa protection à l'occasion de ce jour particulier. C'est aussi un cadeau à double tranchant: la fille qui souhaite éconduire un garçon trop pressant pourra innocemment lui offrir un rakhi, ce qui obligera le garçon à abandonner toute drague de sa "sœur". Par ailleurs le garçon doit offrir un cadeau en retour: pour 3, 6 rakhi reçus, cela peut devenir une ruine. Finalement, certains garçons préfèrent rester chez eux lors du Raksha Bandhan!
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Août 8 Sa
Une collègue de bureau était avec moi cette semaine. Indienne d'orgine, elle s'est installée en France à la suite d'une mutation de son mari. Je découvre une autre classe indienne: brahmane (la plus haute caste), elle est logiquement végétarienne. Lorsqu'elle vivait à Delhi, elle ne se déplaçait jamais à pied: un chauffeur a toujours été à sa disposition. Contrairement à mes collègues de bureau à Kolkata, elle ne mange pas avec les doigts, et pour sa famille le fait qu'elle vienne loger dans ma maison d'hôte relève de "l'aventure". Gloups. Je me demande comment elle a survécu au choc culturel quand elle est arrivée en France...
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Cathédral
St Paul
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Août 9
Di
La place des femmes dans la société indienne mériterait sans doute beaucoup de posts sur ce blog. Comme partout, la femme est au centre des contradictions de la société: le courant traditionnel voudrait qu'elle reste à la maison avec les enfants, le courant occidental qu'elle travaille et soit indépendante (enfin pas trop). Le sari est l'habit courant dans la rue, mais il est boudé par les jeunes filles qui lui préfèrent le plus commode jean-kurta. Les transports en communs, bus, métro et trains, ont des places réservées aux femmes. La nouvelle ministre des transports a d'ailleurs inauguré son mandat en annonçant de nouveaux trains réservés aux femmes. Face aux cohues matinales, les wagons féminins sont réputés plus civilisées et calmes que leurs versions mixtes. Dans les clubs de nuit le week-end, l'entrée est limitée aux couples uniquement, pour éviter une trop grande concentration de mecs relous. Ce qui du coup me pose problème car je ne peux pas aller en boîte! 
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femmes
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Août 10
Lu
Traditionnellement, l'arrivée d'un bébé fille est moins appréciée que celle d'un fils. Un peu comme en chine. La fille est celle qui partira de la maison, et elle coûtera cher en dot. Le gouvernement indien a interdit la détermination prénatale du sexe, car de nombreux états ont désormais un déficit de filles. Les bébés ont tous le 3ème œil qui protège des mauvais esprits, et le kohl, ce maquillage lourd qui agrandit les yeux. Moi je trouve qu'ils ont l'air égyptiens!
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Août 11
Ma
 [sorties: 1 - les bars du samedi] Depuis que je suis rentré en Inde, j'ai décidé de me botter le cul pour faire des rencontres en dehors du boulot. Surtout si mon seul ami se casse. Première action: sortir tout seul dans les bars. Enfin surtout "le" bar, vu que je ne connais que "Someplace Else", le bar de rock branché. Et pour rentrer la nuit, il faut s'armer de courage et baraguiner quelques mots-clefs pour indiquer au taxi le trou paumé où je réside. Ensuite il faut aller vers les gens pour toute occasion. En fait c'est relativement facile, les indiens sont spontanément aimables et désireux de discuter. Je tombe sur bien des surprises: un indien à l'accent anglais me répond en français car il fréquente l'Alliance Française ; un blanc se révèle être un français étudiant de droit asiatique en Chine (!), et qui fait un tour de l'Asie avant de s'installer à Singapour. Un indien informaticien est revenu habiter chez ses parents pour 1 an pour s'occuper d'eux et écrire un livre...
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Maison des écrivains
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Août 12
Me
 [sorties: 2 - les concerts du vendredi] Pour trouver des occasions de sortir, un site m'a indiqué le magazine CALCalling. Malheureusement, sa partie sortie culturelles est tellement pauvre qu'à côté Images de Marcq parait une source inépuisable de soirées festives. Je note des concerts de musique classique occidentale gratuits tous les vendredis à l'Ecole de Musique de Calcutta. Après quelques difficultés en Mai et Juillet pour y aller, j'ai enfin pu y aller vendredi dernier. Au programme: "Œuvres symphoniques comparées" du "Club d'Ecoute". J'arrive dans un hall avec une scène, et là grosse surprise: toute une foule pour écouter un CD audio.... Je me demande si c'est ça les concerts des pauvres? Je réalise ce qu'est le Club d'Ecoute... Au final je ressors très content: le lieu permet un temps d'écoute privilégié, un professeur fait part d'anecdotes et commentaires sur les compositeurs. Comme en France, c'est en rendez-vous de petits vieux, mais j'y rencontre aussi un francophone!
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Août 13
Je
 [sorties: 3 - les spas du dimanche] Sur Paris j'ai un groupe de potes qui font des massages. Comme je suis en Inde, je me dis que c'est tout de même l'occasion rêvée d'avoir un abonnement bon marché à un spa. Les prix vont du massage des pieds (10 euros, 45min), le "cou & épaules" (10 euros, 45 min), massage suédois avec huile (35 euros, 1h). Le summum est le "Massage aux Pierres Chaudes" qui vient des Indiens d'Amérique (70 euros, 2h).
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Bâtiment
inconnu
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Août 15
Sa
 Le 15 Août est aussi férié en Inde: c'est le jour d'Indépendance du pays, en 1947. Il faut toujours se souvenir qu'en dépit d'une histoire multimillénaire, l'Inde en tant qu'Etat moderne est très jeune. L'Indépendance est avant tout la libération de deux siècles de domination britannique, le raj. Mais curieusement, tout le monde reconnaît que ce sont les britanniques qui "créèrent" l'Inde. Par la guerre, la duperie, des alliances, ils englobèrent différents états qui n'avaient jamais eu de passé commun. Les livres d'Histoire de l'Inde ne peuvent pas évoquer en même temps les royaumes du Nord et ceux du Sud. Les colonisateurs imposèrent l'anglais comme lingua franca, et 62 ans après, elle est  toujours la langue commune utilisée par les élites cultivées. Le nom même d'India, choisit  par les britanniques, ne provient d'aucune des langues officielles du pays. En 1861, un autre pays fut créé à partir de royaumes longtemps indépendants: l'Italie. A l'ouverture du parlement, un patriote, Massimo d'Azeglio observa: "Maintenant que nous avons créé l'Italie, nous devons commencer à créer les italiens." Cette observation est toujours d'actualité en Inde, où il existe toujours des conflits séparatistes au Sud-Ouest ou au Nord-Est.
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Août 16
Di
 Les indiens ne sont pas russes: le jour de l'Indépendance, les bars ont interdiction de vendre de l'alcool! Du coup la plupart des bars et des clubs ferment pour l'occasion, bonjour l'ambiance. La parade militaire commence dès 6h et se finit à 12h! On comprend pourquoi les bars avaient fermé plus tôt la veille... Je n'ai pas le courage de sortir à cette heure, et de toute façon il pleut toute la matinée: ce jour a tout de même le mauvais goût d'être en pleine Mousson. La moitié des magasins sont fermés, mais pas les centres commerciaux bien sûr. Dans la rue, des enfants vendent les petits drapaux nationaux.
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Août 17
Lu

 Lors de mon dernier passage à l'Ecole de Musique de Calcutta, j'ai assisté à mon premier concert de musique classique indienne, le Concert de Mousson. 3 râgas furent proposés, Raga Behag au piano, Raga Desh Malhar à la cythare, et Raga Hansadhwani en duo. Le râga est un cadre mélodique fondés sur les théories védiques concernant le son et la musique. Chaque râga est lié à un sentiment (rasa), une saison, un moment du jour. L'exécution d'un râga complet peut varier de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures. Elle comporte trois étapes principales: (1) alap : le musicien expose le râga sur un rythme lent et progressif. Il permet de montrer tous les aspects du râga et d'installer son atmosphère. (2) jor : la percussion entre en jeu, instaure une pulsation et dialogue avec le soliste. La tension monte peu à peu. (3) jhala : la tension atteint son comble dans un mouvement final qui donne la possibilité aux musiciens d'exprimer toute leur virtuosité. Cette soirée fut la plus belle soirée que j'ai passé en Inde depuis mon arrivée, j'en tremblais d'émotion. 

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Août 18
Ma
 Un problème majeur du pays est l'hyper-population. On ne parle même plus de  surpopulation, déjà acquise. Le débat porte maintenant sur le franchissement du "point de rupture" à propos de la migration de la campagne vers les villes. Celles qui arrivaient plus ou moins à gérer 5-8 millions d'habitants il y a 20-30 ans, se retrouvent aujourd'hui dépassées avec 12-15 millions. On peut repérer que le point de rupture est franchi quand les gouvernements des Etats où les villes sont situées deviennent trop faibles pour administrer. Les institutions publiques deviennent alors progressivement ingérables. Les services publics deviennent dysfonctionnels (transports, cf. Avr 1, hôpitaux) ; les spéculateurs immobiliers se multiplient, engeandrant mafia et corruption ; les loyers deviennent inabordables, entraînant la multiplication de ghettos. Une solution pour lutter contre ces hideuses mégalopoles et de créer des subdivisions (nos "arrondissements") pour retrouver des entités "gérables".
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Août 19
Me
 On retrouve souvent dans la rubrique "faits divers" des journaux indiens des histoires de lynchage public. Ce ne sont pas uniquement des histoires d'habitants de villages isolés: cela peut arriver dans les villes à côté de Kolkata. La foule populaire est souvent prompte à faire justice elle-même, pour des raisons religieuses (un hindou qui aura épousé une musulmane contre l'avis de ses parents) ou sociales (un jeune qu'on a jugé responsable d'un vol). Les affrontements politiques, et particulièrement au Bengale Occidental dégénèrent souvent en règlements de compte mortels. L'Etat de droit peine toujours à s'imposer, et la lenteur d la bureaucratie de la Justice ainsi que son haut niveau de corruption ne donnent aucune confiance aux habitants.
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Août 20
Je
 Praloy m'emmène ce week-end dans son village: Fulia. Cela faisait longtemps que j'attendais cela, histoire de voir un endroit moins citadin de l'Inde. La maison de Praloy est très grande, une villa plutôt, avec un patio au milieu (photo), et un mini-temple à l'entrée, avec un prêtre payé pour faire les rituels quotidiens. Cela s'explique par le fait que c'est une famille étendue, comme chez Debosmita (cf. Jan 31 et Mar 28), et que la maison sert d'usine à sari également. De toute façon sa famille est riche. Praloy y a un "vrai" frère et 3 sœurs (= cousines). Les femmes sont regroupées à la cuisine. Même si les repas regroupent un grand nombre de personnes, pas besoin de grande table, tout le monde mange par terre. Praloy étant l'aîné et travaillant à la ville, il a une grande autorité morale: plus que sa mère, il va s'occuper des devoirs scolaires de sa sœur le week-end quand il revient.
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Août 21
Ve
fulia Le petit village de Fulia fait également la fierté de Praloy car il est le lieu historique de naissance du poète Krittibas Ojha. Son rôle est capital pour l'histoire de la langue bengalaise: tel Saint Jérôme traduisant la Bible en latin, il traduisit au milieu du XVème siècle le Ramanaya en bengalais. Plus qu'une traduction, ce véritable chef d'œuvre littéraire exerça une influence considérable à son époque et fut une référence pour les siècles suivants. fuliaDe façon typiquement indienne, le village abrite l'arbre même sous lequel le poète s'asseyait pour écrire, il y a 700 ans! Un arbre majestueux et magnifique il faut dire, qui vaut le détour à lui seul. Le mini-musée local ne propose que des reproductions, les feuilles d'arbre-manuscrits réputés de la main même du poète étant dispersées dans les universités du pays, ainsi que dans les bibliothèques occidentales, à la suite des pillages des colonisateurs. Une partie est dans la Bibliothèque nationale de France! 
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Août 22
Sa
 La route qui part du village est une route nationale express. Même si on sort de Kokata, il n'y a pas vraiment de démarcations entre la ville et la campagne, il y a toujours des habitations sur le long de la voie. Et comme d'habitude, la route est pleine de monde, des vélos, des bus, des piétons, etc. Moins de vaches, c'est déjà ça. La route est bien goudronnée, mieux que dans le village. D'ailleurs elles étaient tellement pourries que nous avons crevé et avons dû nous arrêter dans la station service la plus proche. Qui ressemble plus à une cabane de Robinson qu'à autre chose...Evidemment ils ne délivrent pas d'essence.
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Août 23
Di

 Le village de Fulia est spécialisé dans la confection de saris, qui sont ensuite vendus à Kolkata. La maison de Praloy est ainsi un vrai atelier qui emploie 19 personnes. La chaîne commence avec le lavage et la teinture du coton, puis il va être nettoyé et séché.  

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Une partie du matériau "brut" est vendu comme fil, et le reste sert à fabriquer des saris en utilisant des machines à tisser. Ces machines sortent du siècle dernier, et les motifs du tramage proviennent de plaques perforées comme on en trouve dans les vieilles machines à musique automatiques. La famille vend ensuite au grossiste voire peut proposer de la vente sur place. 

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Août 25
Ma
 Après le village, nous faisons une escale à ISKCON Mayapur. Vous vous souvenez de Delhi (cf. Mai 15)? ISKCON = secte Hare Krishna ; Mayapur en est le quartier général mondial. Elle est très respectée ici, mes collègues de bureau se réjouissent tous que j'y aille. On me raconte que c'est un endroit idéal pour passer quelques jours au calme en profitant de la spiritualité du lieu. Je découvre un lieu à l'ambiance identique qu'à Delhi: un vaste complexe avec lac et nourriture, des bâtiments qui ont un air neuf qui fait penser à Disneyland, et d'ailleurs il y a même un éléphant pour les enfants. iskconDans les temples, de grandes statues de dieux sont adorées par une foule en délire qui répète à l'infini les 3 mots du mantra: "Hare Krishna, Hare Krishna, Hare Rama", etc. Un calme tout à fait relatif selon  moi. Praloy me dit qu'il est toujours frappé par le nombre de blancs étrangers dans le centre. Bref avec tout ça moi je ne suis toujours pas convaincu de me convertir.
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Août 28
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 J'ai déjà fait quelques posts sur la "rue" indienne (cf. Fév 7, Fév 17, Apr 25). C'est tout de même quelque chose de fascinant. Un mélange de ville et de campagne. Dans ces photos on est dans la banlieue de Kolkata. Au détour d'une rue, on arrive facilement à un espace en jachère envahi par la végétation. Et on peut toujours voir des gens aller à la pompe, comme en France il y a quelques années je suppose. rueEt toujours ces petites boutiques bien sûr, faites avec trois tôles. De toute façon le climat fait qu'on peut dormir dehors sans problème, c'est même plus agréable que durant la journée.
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Août 30
Di
 Comme en France nous avons les 10% d'investissement culturel lors de la construction d'un bâtiment, les indiens font attention à avoir un mobilier urbain un original pour donner vie à ces autoroutes suspendues (ponts aériens) qui se construisent partout en même temps, tandis que les sols sont perforés par les nouvelles lignes mobilierde métro. Un mobilier ecclectique, à l'image du pays. J'ai pris ces petites colonnes, de source occidentale, mais décorées de façon typiquement indienne avec plein de fleurs.
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Août 31
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 Samedi j'ai assisté à un spectacle de danse kathak (au passage tous ces événements sont gratuits, c'est fantastique l'Inde), une des 7 danses classiques d'Inde. C'est une danse pure et narrative, dans laquelle un danseur unique va mimer une histoire: les conteurs (kathakara) étaient attachés aux temples dans l'Inde du Nord, où naquit Krishna. Les textes sacrés, le Ramayana ou la Bhagavad-Gita, étaient chantés et mimés pour être transmis à un public illettré. Le danseur est habillé de 300 grelots aux chevilles, et après une explication du texte qu'il va illustrer, les passages de danse pure et narrative alternent, et les mouvements circulaires des mains et des poignets confèrent à cet art un style caractéristique. Le kathak est également caractérisé par des mouvements de pirouettes et différentes postures dites "statuesques".
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Sept 1
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Depuis mon arrivée en Inde, j'étais frustré de ne pas avoir une vie nocturne aussi riche qu'à Paris. Du moins il semblait que mes collègues de bureau ne faisaient que très exceptionnellement une sortie en bar. Et quand aux boîtes, il faut avoir une fille pour y entrer. Je me suis bougé depuis Août. Il s'avère en fait qu'il y a un vrai fossé financier dans les lieux "branchés". Dans les bars, le coca est à 100 roupies, la bière à 300. Les entrées en boîte vont de 300 à 500, voire 1000 roupies! C'est raisonnable pour moi (100 roupies = 1,5 €) mais c'est une soirée chère pour la classe moyenne (un sandwich = 100 roupies). Comme à Paris, sortir c'est la ruine! Dans les clubs, la musique vient des blockbusters Bollywoodiens, mais en gros c'est un boum-boum comme dans la musique américaine, aucune différence. Cela fait bizarre tout de même de ne pas entendre de musique américaine! Autre changement majeur: que des mecs! La société étant nettement plus conservatrice pour les filles, on se croirait dans une boîte gaie. Enfin surtout ne pas sortir en kurta ou sari, la tenue du d'jeuns est le jeans/T-shirt occidental.
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Dakshi
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(cf. Apr 23)
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Sept 2
Me
Il n'est pas possible de trouver une bonne carte de Kolkata. Celles disponible pour les touristes sont à 1:25000 (cf. photo), ce qui ne donne que les grandes artères. Pour trouver quelque chose il n'y a que Google (très efficace). De toute façon les noms des rues ne sont pas indiquées dans les intersections comme chez nous, mais sont notées de façon aléatoire sur les devantures des magasins. Pour se retrouver on fonctionne comme dans un village, par point de repère: "c'est à côté du temple Birla", "c'est près de l'hôtel Park" etc. Cela fait 4 semaines que je prends le taxi à 1h du matin pour rentrer à la maison d'hôte, mais je n'ai jamais donné d'adresse au chauffeur! Je doute qu'il y ait un nom de rue d'ailleurs. J'indique que c'est "sur la route de..." et je stoppe quand on passe devant.
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Sept 3
Me
Pour rajouter à la confusion sur les rues de Kolkata, les rues principales ont toutes été renommées dans la foulée du changement de nom de la ville (Calcutta => Kolkata) en 2001. Pour les indiens, ce processus de "indianisation" des noms des anciennes grandes villes de l'Empire Britannique est une façon de se réapproprier leur passé (Madras => Chennei, Bombay => Mumbai). C'est particulièrement vrai pour Kolkata, ville entièrement créée par et pour les colonisateurs, et qui donc doit prouver son "indianité". Malheureusement comme souvent cela se fait de façon cahotique: sur Google il y a les nouveaux noms de rue, mais sur les devantures de magasins et dans la rue tout le monde utilise les anciens noms! Même sur les nouveaux plans utilisent les anciens noms... Et depuis le changement de parti au pouvoir, il y a un projet de changer les noms de toutes les stations de métro!
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Vive-
kananda
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Sept 7
Lu
 Les indiens ont un rapport passionnel avec leurs politiciens. Plus encore que des meneurs d'hommes, les hommes de pouvoir sont adulés par une partie de la population, en particulier les pauvres. L'image absolue est "Mahatma" Gandhi (le "Grand"), véritable héros national libérateur du pays, dont le nom même a permis à une famille unique de dominer la vie politique des 60 dernières années (cf. Avr 4, Mai 18). Indira Gandhi avait poussé l'adulation de la personne à la limite. Ces figures sont omniprésentes: outre les statues et écoles, les programmes sociaux ou de charité sont aussi baptisés de leurs noms. Jeudi dernier un important chef du Congrès est mort d'un accident d'hélicoptère (mode de transport des politiciens, les routes étant mauvaises et notoirement congestionnées). Et bien on en est au 133e mort par désespoir de ses partisans! Crises cardiaques et suicides s'enchaînent, certains paysans redoutant aussi la fin des fonds subventionnés lancés par le politicien adulé.
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Sept 8
Ma
 Hier soir je suis rentré chez moi, et l'ordinateur était de nouveau mort. Cette fois ce sont des touches qui ne répondent plus (plus de "f" ou de "d"). Manque de pot, mon mot de passe contient un "d", aussi je ne peux plus me logguer dans l'ordinateur. Retour à la case réparateur alors. En général en Inde il faut savoir être patient. Mais depuis le début de l'année j'ai du réinstaller mon ordinateur de travail 5 fois à cause de problèmes de réseau, j'ai eu 1 crash de disque dur, 1 carte mère grillée, et 1 lecteur DVD grillé. Le tout sur 3 portables. En cette période de mousson où l'humidité monte à 90%, cela ne doit pas aider non plus. Outre le fait que je ne suis pas chanceux sur 2009, je me dis que paradoxalement le pays n'est pas vraiment idéal pour les matériels informatiques.
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Sept 9
Me

 Dans la ville de Calcutta, on sent l'effervescence monter parmi les habitants. "Durga Puja approche". Vous aurez peut-être noté que la vie des indiens est ponctuée de festivals (Saraswati Puja" le Jan 31, Holi en Mars, le mois Shravan cf Août 6, etc.). Le plus grand d'entre eux est Durga Puja. Célébré dans toute l'Inde, ce festival prend des proportions gigantesques à Calcutta: 5 jours non-stop de célébrations, toute la ville arrêtée pour l'occasion du 25 septembre au 2 octobre. durgaAutant dire que ce n'est pas une bonne nouvelle pour mes collègues de bureau français. Mais c'est un bon business pour les fabriquants d'idoles, ou les vendeurs d'habits de fête. Tous les habitants dépensent des fortunes pour avoir le plus beau pandals (temple temporaire) du quartier. Plus de deux mille dans la ville! C'est promis, on en reparle bientôt.

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Sept 10
Je
 Jusqu'à présent la Mousson ne représentait pas grand chose de terrible (cf. Août 3). En fait c'est plutôt le contraire: toute la classe politique s'inquiète d'une sécheresse mauvaise pour les récoltes. Mais depuis samedi dernier la déesse de la pluie semble se rattraper: il pleut depuis samedi non-stop. Enfin les inondations apparaissent. Pour l'instant cela a surtout fait foirer ma sortie en boîte du samedi soir, mais aussi les 10 min de voiture se transforment en 30 min de bouchons.  On en parle même dans les gratuits français! (Lille Plus)
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Sept 11
Ve
 Voici un petit aperçu de cuisine d'Inde du Sud: le uttapam. Cette petite préparation est la "pizza" des indiens. On y retrouve d'ailleurs des ingrédients communs comme la tomate et des oignons, et bien sûr plein de piments. Les ingrédients ne sont pas cuits sur la pâte, mais dans la pâte, à laquelle ils sont directement incorporés. Pour le reste, on mange le uttapam avec des sauces, le sambar (des légumes aux piments) ou le chutnay (sauce de piment, mais ici un sauce à la noix de coco). De toute façon c'est toujours pimenté.
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calagefood
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Sept 12
Sa
 Un autre plat de cuisine du Sud est la fameuse dosa. Celle-ci est la "crêpe" des indiens. Et ça ressemble vraiment à une crêpe d'ailleurs. Elle est à base de riz bien sûr, et est fournée avec moult sauces chutney et sambar. On en trouve fourrées aux pommes de terres (masala dosa) ou oignons (onion dosa) ou rien (plain dosa). Comme j'aime bien partager, je vous passe une recette d'une française. J'attends vos photos! 
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Sept 14
Lu
 Comme je l'ai déjà dit, l'Inde du Nord est connue pour ses desserts. La plupart sont fait avec du fromage blanc sucré (comme les fameux rossogolla ou  gulab jamun (cf. Mar 2), d'autres sont fait à base de farine, comme-ceux présentés ci-contre. Après moult débats internes, ceux-ci sont des versions de Goja, des spécialités de Puri dans la région de Orissa (juste en dessous du Bengale). Encore une recette à tester!
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Sept 16
Me
 Il existe quatre temples Jaïn à Calcutta. Ce qui est curieux c'est qu'ils sont tous collés au même endroit. Sans doute pour donner du choix aux croyants. Si vous vous souvenez, le jaïnisme est proche du bouddhisme (cf. Mai 17). L'un est consacré au 10e "sage" jain(le Pareshnath) et l'autre au 23e sage (sur 24). Un des temples est caractérisé par un kitsch absolu, avec des murs en miroirs kaléidoscopes. Un autre a un côté pagode thaïlandaise. Les temples très anciens bénéficient de couleurs pimpantes, les jaïnas n'ayant pas l'air d'aimer le côté vieillot.
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Sept 17
Je
 Aujourd'hui c'est Viswakarma puja ! Architecte de l'Univers et dieu tutélaire des ouvriers, c'est donc le dieu du BTP par excellence (Bouygues devrait en avoir un chez soi). Mais son rayon d'action est encore plus vaste: il couvre toutes les machines. Ainsi, il est adoré par tout le monde car il est le protecteur des voitures. En ville, on pourra voir  les taxis décorés de belles guirlandes, et d'ailleurs ce matin le chauffeur m'offrait en partage le gâteau sacré qui va bien. Au sous-sol de l'immeuble du travail les croyants ont dressé cette belle statue du dieu. Il tient dans ses 4 mains un pot à eau, un livre, un nœud coulant et des outils. Ici il y a aussi un cerf-volant vert car c'est un dieu qui aime jouer avec. Au pied du dieu, les offrandes (gâteaux, fleurs) déposées par le prêtre.
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calageshiva
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Sept 18
Ve
 Aujourd'hui c'est Mahalaya, le début du compte à rebours avant Durga Puja (cf. sept 9). La déesse suprême ne descend sur terre que durant quatre jours, mais sept jours auparavant les dieux et les déesses commencent à se préparer pour la fête. Le jour commémore le moment où Durga a reçu l'assignation de tuer les démons. Un programme radio très fameux de 1930 est rediffusé en boucle à cette occasion: c'est un mantra chanté accompagné de chants religieux pour louer la déesse.
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Sept 19
Sa
 Suivant la tradition ancienne, Shiva est adoré sous trois formes : Shiva lingam (cf. Mai 24), Ardhanarisvara (cf. Mai 23), et Natâraja. C'est le dieu Shiva en tant que danseur cosmique (les tintinophiles se rappelleront ici des Cigares du pharaon). Pour les hindous, la danse est plus ancienne que le monde lui-même car c’est précisément en dansant que Shiva créa le cosmos et notre Âge, en prenant cette posture au moment de la création, posant le pied droit sur la tête du démon primordial et le tue. Sa chevelure se déploie sauvagement tandis qu’il danse, transporté par le rythme du petit tambour qu’il tient dans la plus haute de ses mains droites. Ce rythme est la pulsation du cosmos (mâyâ) qui naît à la vie grâce à l’action bénéfique de la danse créatrice, en créant, à chaque battement, l’air, le feu, l’eau et la terre, et réveillant ainsi la vie ; mais c’est de cette même danse que jaillira l’étincelle qui détruira le monde. Le moment de la création du cosmos est donc associé à sa destruction simultanée, symbolisée par les flammes qui bordent le cercle et la flamme unique que le Dieu tient dans sa main gauche supérieure.
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Sept 20
Di
 La vie gaie en Inde est encore largement invisible. Son expression publique et culturelle débute à peine. Les Gay Pride n'ont vraiment démarré qu'en 2008 seulement (avec des prémices à Calcutta de 2001 à 2003), dans les mégalopoles jeunes et dynamiques de Delhi, Bangalore, Bombay. Le mouvement commence à se localiser (descendre vers les moyennes villes) mais reste largement confidentiel. Delhi vient de se doter d'un festival de films LGBT, comme dans la plupart des grandes villes européennes et américaines. Au niveau national, Bollywood reste aussi très prudent, un film sur des lesbiennes, Fire (2006), ayant provoqué débordements et violences par les extrémistes hindous. Depuis quelques années, il y a quelques films par an, dont certains comme My brother... Nikhil (2005) abordent même le thème de la séropositivité. 
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Sept 21
Lu
 Aujourd'hui c'est l'Aïd el-Fitr, le jour de la fin du ramadan. Les calendriers des fêtes religieuses musulmanes et hindoues se croisent ces temps-ci. C'est un jour férié en Inde, mais comme souvent dans ce pays, il n'y a pas de règle absolue: beaucoup de magasins seront fériés, d'autres ouverts. Les fameux "arabes" du coin seront fermés, les grandes entreprises aussi mais pas forcément d'autres, d'autant plus que les entreprises ont tendance à ne pas embaucher de musulmans si la majorité des employés est hindous. La communauté musulmane est très nombreuse à Calcutta (45%) mais reste largement invisible dans les médias et aussi parmi les politiciens. On peut en deviner l'importance par le nombre de mosquées dans la ville.
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Sept 22
Ma
 J'ai rencontré un jeune étudiant en lettres, représentant à l'étranger des homos indiens, et réalisateur amateur de deux courts-métrages sur l'homosexualité, Crimson (8', 2008) et Azure (10', 2009). Ceux-ci portent un regard sur la difficulté d'assumer ses penchants ou de simplement s'accepter soi-même. Sans être des œuvres impérissables, ces courts restent exceptionnels car la réalisation de courts sur ce sujet reste très rare en Inde. Ces courts ont pu profiter de l'émergence des tout nouveaux  festivals de films queer de Dehli et de Calcutta, et ont été archivés par la bibliothèque rose de l'Ouest de l'Ontario.
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Sept 26
Sa

 (désolé pour le trou, j'ai encore eu un problème de connexion internet) J'ai rencontré le président fondateur de SAATHII, un groupe de support VIH/SIDA (cf. AIDES ou Sidaction en France). Présent dans quelques grandes villes en Inde, le groupe est malheureusement fort récent (2000) alors que le pays compte 2,5 millions de personnes porteuses du VIH, ce qui en fait le pays le plus touché après l'Afrique du Sud. Vous nous jetez dans les ténèbres mais nous cherchons la lumière ; Nous voulons suivre le chemin mais vous criez 'battez-les'. En apprenant plus sur le VIH/SIDA, nous affirmons notre volonté de vivre. © Manas BanglaC'est surtout un effet de volume dû à la nombreuse population. Jusqu'ici le virus touchait surtout les groupes à risques (gays, transgenres et prostitués) mais la pandémie menace de s'étendre dans le reste de la population. C'est particulièrement renforcé par la stigmatisation de l'homosexualité, la plupart des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes étant par ailleurs mariés et donc susceptibles de contaminer leurs femmes.

calage © Indian Network for people living with HIV/SIDA
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Sept 27
Di
 On croit réellement au "troisième sexe" en Inde: c'est une caste à part nommée les hijras. Ce sont des hommes travestis en femmes, dont une partie a subie une émasculation. Elles seraient environ un million aujourd'hui. Leur origine remonte au temps des maharajas (IXe s.), et ils ont acquis un statut particulier dans la société indienne, la coutume leur conférant des pouvoirs de fertilité (on les invite aux mariages) mais aussi de jeter le mauvais œil (on les traite donc avec respect). Cette population est désormais stigmatisée car elle ne rentre plus dans les normes de l'Inde moderne et occidentale: Ci-contre une affiche pour promouvoir le respect de l'association MANAS Bangla.
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calageVous nous traitez de 'hijras' et de 'entre-deux-sexes', mais nous nous battons pour survivre: La prise de conscience nous procure la sécurité. © Manas Bangla
"La prise
de conscience
nous procure
la sécurité"
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Sept 28
Lu

 Jeudi dernier, c'était enfin l'ouverture du Durga Puja! La foule s'amasse dans la rue toute la nuit pour découvrir tous les pandals, les temples temporaires en bambou et papier mâché créés par les organisations de quartier (cf. sept 9). Malins, mes collègues de bureau ont prévu de faire un tour la veille pour éviter la foule. Prévoyants, ils ont préparés la liste des pandals les plus grandioses parmi les milliers érigés dans la ville. Les organisations de quartier rivalisent d'ingéniosité pour faire le pandal le plus grand, le plus beau, le plus exotique. 

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Bien sûr, le pandal comprend toujours deux parties: le temple extérieur, fait en bambou, et la statue de l'idole à l'intérieur. 

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Sept 29
Ma

 Les idoles présentent moins de diversité, dévotion oblige. La représentation canonique est une scène ambivalente, à la fois guerrière et familiale: on voit en même temps la déesse armée face au démon, mais aussi la mère au visage aimant entourée de ses enfants: 

  • durgaà gauche, Ganesh (à tête d'éléphant), dieu du Savoir et de la Vertu. Il favorise les bonnes affaires ; son animal est le rat (par ailleurs à côté se trouve parfois une branche de bannanier encapuchonné dans un sari: c'est normal, c'est sa femme!) ; 
  • puis Lakshmi, déesse de la Beauté et de la Prospérité ; son animal est la chouette ; 
  • au centre règne la toute-puissante Durga pourfendant de son trident le roi-démon ; le combat jouant sur les métamorphoses, elle a comme monture un lion pour attaquer le démon transformé en buffle ; 
  • à sa droite Saraswati, déesse de la connaissance (cf. Jan 31) ; son animal est le cygne; 
  • enfin Kartik, dieu de la beauté ; son animal est le paon.  
Le grand absent de la famille est le papa, Lord Shiva. Mais en fait il est toujours présent en image au dessus du groupe. Tel un Où est Charlie? il faut savoir le retrouver!
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Sept 30
Me

 Comme souvent en Inde, la fête est vivante. Durga Puja n'est pas qu'une suite de pandals à visiter. A côté des constructions grandioses, durgachaque quartier fait son pandal à sa taille, et organiser un grand repas de quartier avec tous les habitants est l'essence même de la fête. Dans la salle de fête de l'immeuble de ma maison d'hôte les enfants dansent devant les idoles. Les fêtes sont bruyantes, avec force dahk (tambours) et chants religieux.

Toute la ville est en fête: les rues sont illuminées de guirlandes comme les Champs Elysées parisiens, et des portiques de lumière précède les entrées aux pandals. On trouve aussi des grandes roues et des manèges comme dans nos fêtes foraines.

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 La préparation des pandals est une activité économique majeure du Bengale Occidental. Outre la somme d'argent considérable investie par les habitants eux-mêmes, la préparation se déroule en fait sur toute l'année pour avoir des temples aussi richement décorés. La "tradition" veut que l'on mette des habits neufs à chacun des 4 jours de fête: c'est donc bon pour le commerce de détail. Enfin des touristes de toute l'Inde envahissent la ville, dont chaque rue est peuplée de vendeurs de nourriture. Facilement 1/4 ou 1/3 du chiffre d'affaire annuel est réalisé à cette période.
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oct 1er
Je

 Certains temples sont d'une originalité folle. La statue de la liberté, un temple futuriste... La mode cette année est bien sûr aux temples écologiques qui alertent les gens sur la pollution. Un air qu'on connait bien à Calcutta. 

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Mon pandal préféré est bien sûr celui qui porte un message un peu politique: le groupe de déités est représenté sous la forme d'indigènes indiens, Durga pourfendant le démon-colonisateur britannique. Pour l'occasion les attributs des dieux sont remplacés par des oiseaux.

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oct 2
Ve

 Mais qui est la puissante Durga, la Tueuse de démons, la Buffy hindoue? La mythologie hindoue nous explique l'histoire de la cruauté du terrible roi-démon Mahisasura à l'égard des dieux. Excédés par sa tyrannie, les dieux implorèrent Vishnu d'anéantir le démon. La Sainte Trinité hindoue composée de BrahmaVishnu et Shiva fusionna alors pour donner forme à un avatar féminin surpuissant doté de dix bras: la déesse Durga, la Mère de l'Univers qui personnifie la source primitive de tout pouvoir. Les dieux accordèrent alors à la création Suprême leurs dons et leurs armes. Ainsi armée comme une guerrière la déesse enfourcha un lion pour combattre Mahisasura. Né d'un roi-démon et d'un buffalo (un cousin du Minautore quoi), le démon pouvait passer d'une forme humaine à une forme animale à volonté. Après un féroce combat, la déesse transperça le démon avec son trident. Les cieux et la terre se réjouirent de sa victoire, celle du Bien contre le Mal. 

Il faut bien comprendre cependant au-delà de la légende, que les dieux hindous sont fondamentalement liés les uns aux autres, les idoles étant juste un medium local qui permet d'adorer l'Absolu. Ma Durga est avant tout la « Déesse Mère », la Vénus préhistorique. Elle est une autre forme de Parvati, la femme de Shiva ;  une autre forme de Kali, la déesse destructrice d'univers ; une autre forme de Vaishno enfin (cf. Avr 29).

Allez encore quelques pandals pour finir:
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oct 3
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 Tous ces pandals et tout le l'achalandage économique ne doivent pas nous faire oublier l'essentiel: Durga Puja est une fête religieuse. Elle possède un début (mise en place de l'idole) et une fin (immersion de l'idole), comme toutes les pujas, mais en plus des rituels précis établis depuis la nuit des temps ponctuent chaque jour du festival : Mahalaya est le 1er jour (cf. sept 18) ; Maha Shashti est le 6e jour où sont dévoilées les idoles ; Maha Saptami est le 7e jour ; Maha Ashtami est le 8e jour où le prêtre bénit la statue avec un grand feu ; Maha Navami est le 9e jour où les pandals se closent ; Bijoya Dashami est le 10e et dernier jour. Seules les femmes sont alors autorisées à donner à manger et à boire à la Déesse-Mère, puis les gens s'aspergent de craies de couleur, et enfin tout le monde part en procession pour transporter l'idole vers le Gange (au pire un équivalent liquide pas loin) où elle se dissoudra, les idoles étant faites de boue (du Gange toujours). 

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oct 4
Di
Au centre commercial, on trouve une Durga particulière: la déesse est seule dans un lotus. Les hindous n'ont pas de culte figé pour l'adoration des idoles: le même dieu est adoré sous plusieurs formes du Nord au Sud de l'Inde (cf. les 3 formes de Shiva, sept 19). Durga possède 9 formes, qui sont autant d'aspects de la Déesse-Mère. Celle-ci est appelée Maha Gauri, ce qui veut dire (peau) « très blanche », car elle a été "lavée" par l'eau du Gange. Elle est parée de blanc, et elle porte un trident.
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oct 5
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A côté des rituels plus ou moins complexes liés au culte des idoles, les indiens sont aussi attachés à tout un tas de superstitions et de grigris. La croyance en le pouvoir des pierres précieuses est très populaire (et permet d'allier bonne chance et élégance). pontAttention, chaque pierre apporte une protection spécifique. Les hommes en particulier adorent avoir des bagues au doigt, mariés ou non! Un autre aspect est le tilak, le "3e" œil, un autre est encore des grigris, mais en collier. Notre spécimen ci-contre a au moins 1/2 kilo de collier autour du cou. A l'avant-bras droit, des racines d'arbre assurent sa bonne santé, et au poignet droit des bracelets de cordelette rouge provenant des temples hindous.  
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oct 6
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 Tant dans le culte et la représentation du divin, les hindous sont épris de fleurs. Le nom même du rituel de culte hindou, puja, peut être traduit comme « l'acte de fleurs ». L'idole, ou l'image de la divinité dans le temple et la maison est décorée avec des guirlandes de fleurs et de feuilles. pontLes fleurs sont également placés dans les pieds de la divinité et l'idole est également arrosée d'une pluie de fleurs. Les fleurs utilisées dans un puja hindoue sont classés en Sattva (Bonté ; Lotus Blanc, Jasmin), Rajas (Passion ; Lotus rouge, Hibiscus) et Tamas (Ténèbres; Cotton, Ketaki). Il va sans dire que les fleurs de la dernière catégorie ne sont pas utilisées. L'usage des fleurs se trouve aussi dans les cérémonies profanes, les mariés s'échangeant une guirlande de fleurs (cf. Fév 13) ou les artistes recevant des fleurs à la fin du concert. La ville de Calcutta est réputée pour son marché aux fleurs aux mille couleurs, où dominent les teintes jaunes et oranges, couleurs du sacré. 
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