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Les Andromède Noires

 
     Quelle est donc la problématique ? Le Mythe pose en fait un bien curieux postulat : si les mythographes s'accordent pour placer l'Ethiopie ancienne comme étant le royaume de Céphée, ils sont néanmoins unanimes pour refuser des traits négroïdes à la Princesse, pensant sans doute qu'un Héros grec ne saurait s'affilier avec une famille noire, même si elle est de sang royal. Et ce d'autant plus que la belle-famille finira divinisée...

     Dès lors, comment comprendre qu'une famille blanche règne sur un peuple noir ? Bien sûr, la colonisation et la domination n'est pas un fait récent et on pourrait songer à une espèce de colonisation, d'autant plus que le mythe étant grec, on pourrait voir là un symbole de l'expansion de la colonisation grecque de l'Afrique. Cependant cela n'est pas si évident car le Mythe précise clairement que la famille royale est une famille autochtone mais que le peuple est noir. Par ailleurs les relations grecques n'allaient pas si loin en Afrique (l'Ethiopie n'a pas de côtes en Méditerranée) et se bornaient à des relations commerciales.

 

 

  Dès l'Antiquité, le problème...
     On trouve sur un vase à figure rouge de 430 av. J.-C. la représentation de la Princesse qui est sur le point d'être sacrifiée. Cependant pour régler ce problème de l'Ethiopie, les peintres ont introduit des traits négroïdes aux esclaves. Vase [jpg, 118 ko]

 

A la Renaissance

Piero di Cosimo [jpg, 54 562 octets]      La toile de Piero di Cosimo (1515) illustre le Mythe entièrement, de l'arrivée nonchalante du Héros à son mariage impromptu ! Le peintre, réputé pour sa fantaisie, a cependant placé une femme noire pour donner la musique. Mais toute la famille royale est blanche !

 

Au XVIème siècle

van der Borcht [jpg, 162 ko]      C'est dans les Flandres qu'un artiste nous livre une interprétation plus tendancieuse. Pieter van der Borcht (1540-1608) représente en effet la Princesse avec un teint blanc mais des traits négroïdes, tels que la coiffure crépue et les grosses lèvres. De façon générale, elle n'a d'ailleurs pas la grâce naturelle que de nombreux autres graveurs lui prêtent comme Virgil Solis ou Hendrick Goltzius
Persée délivrant Andromède
Gravure tirée des Métamorphoses d'Ovide

 

Au XVIIème siècle

La première Andromède noire !
San Francisco
Fine Art Museum
     La question ne s'est pas vraiment posée pour les peintres de la Renaissance qui s'intéressèrent tant au Mythe : pour eux le Mythe offrait surtout une possibilité d'étude de nu académique avec l'accord de l'Eglise.

     Il existe cependant une exception notable : en 1655, d'Abraham Diepenbeck illustre un livre des Métamorphoses d'Ovide avec une Andromède noire ! Une innovation qui ne sera pas suivie, d'autant plus que le graveur sera désavoué par le critique Michelle des Marolles.

     Notons pour conclure que la paternité de l'œuvre même semble mise en cause, car le musée détenant la gravure l'attribue à Joseph Picart

 

Au XXème siècle

Une interprétation contemporaine...
Anonyme
contemporain
     L'approche de la mythologie grecque a bien changé, puisqu'en France Jules Laforgue a publié dès 1886 ses Moralités Légendaires qui se moquent bien de ces récits conventionnels.

     Puis avec l'avènement de l'Héroïc Fantasy et des dessins pour le plaisir de rêver, les auteurs se sont plus à imaginer des Andromède plus modernes. La dernière interprétation en date du Mythe, donné par Laura Geringer, replace bien la Princesse avec une peau noire, alors que l'adaptation télévisée du comics a curieusement redonné un teint pâle à la Belle...

Version Barbarella  [gif, 104 ko]
Andromeda
Guardians of the Legend

Laura Geringer
 

 

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Updated : 01/08/00 Copyright © AMatthieu : a_matthieu@yahoo.fr
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