On ne pouvait passer à côté de ce fameux bas-relief, qui caractérise une période post-hellénique où le mythe héroïque est réduit à une invitation galante. Dans la composition comme dans le dessin, le bas-relief est à rapprocher des fresques murales de Pompeï, dont la composition est très semblable, ce qui renforce l'hypothèse d'une source commune. Là aussi l'aspect dramatique du mythe est supprimé, malgré la présence d'un "monstre" pas très convaincant.

     En fait, les différences se révèlent plus intéressantes. Ainsi la composition de la scène met en évidence une rupture verticale : à gauche Andromède est comme encastrée dans le rocher qui l'entoure, tandis que Persée, dans un espace vide, lui enlève cet aspect de pierre en la prenant par le bras, le prolongement des deux membres faisant la jonction entre les parties. Le message consiste à révéler que Persée est le héros qui redonne vie à la princesse, la femme ne pouvant vivre que grâce à son (futur) mari.

     Cette morale conviendra parfaitement à une période artistique qui revisitera l'Antique sous un œil moralisant : le néo-classicisme dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Ainsi les œuvres de Mengs, Chinard et de Schadow sont-elles directement inspirées de ce bas-relief.

     Séleucie-Zeugma est le nom du site historique sur lequel fut trouvée cette mosaïque. La ville fut fondée en vers 300 av. JC par Seleukos Nikator, un général d'Alexandre le grand, sous le nom "Seleukeia Euphrates - Seleukos à l'Euphrate". La ville connue une grande prospérité sous l'empire grec puis romain à cause de sa situation géographique exceptionnelle : située sur la route de la soie (d'est en ouest), elle était le point de rencontre de nombreux artistes. La ville fut alors connue sous le nom de "Zeugma", "pont" en grec, à cause d'un pont de bâteaux.

     La ville fut détruite vers 250 ap. J.-C. et ne retrouva jamais sa splendeur d'autrefois sous l'Empire Byzantin et finit par disparaître.

     La ville fut l'objet de fouilles intensives d'archéologues internationaux lorsque la Turquie décida de noyer le site pour en faire le bassin du barrage de Birecik (depuis 1999). Ce fut à l'occasion de ces fouilles que la mosaïque fut découverte.

     Encore une fois, on constate que le mythe du prince galant domine. On commence néanmoins à voir les premières chaînes, le rocher séparant les personnages.

Historique de la cité :

• fondée en 150 av. JC par les carthagénois
• occupée par les Romains vers 50 av. JC.
• Elle connut sont apogée entre les 2ème et 5ème siècle en étant un véritable creuset de nombreux sénateurs romains.
• Elle passa sous l'empire byzantin au VIème siècle
• et fut détruite par les Arabes au XIème siècle.

     Bulla Regia est remarquable aujourd'hui pour ses habitations souterraines, utilisées par les Romains pour éviter la chaleur de l'été. Une autre caractéristique sont ses nombreuses mosaïques, la plupart toujours sur place.

     La mosaïque qui nous intéresse reprend le shéma classique romain, mais fait intervenir un tierce personnage, un triton. Par contre elle se différencie des autres antiques par la nudité d'Andromède qui commence, signe d'un relâchement des mœurs ou fin de la croyance du mythe ?