José-Maria de Heredia
José-Maria
est un poète français né à La Fortuna, Cuba (1842-1905). Elu à l'Académie française,
il est l'un des représentant de l'école du Parnasse (Leconte
de Lisle, Théodore de Banville,
Coppée), qui prône la poésie lyrique impersonnelle et la théorie de
l'art pour l'art, en opposition avec le mouvement romantique.
Il est à noter que Heredia est un ami du peintre
symboliste Gustave Moreau,
qui a peint de nombreuses toiles mythologiques.
Partagé
entre ses racines cubaines (par son père) et normande (par sa
mère), il choisit de versifier en français. Cependant la mer
tient une place prépondérante dans toute son uvre, que ce soit l'Océan Atlantique de son île natale ou
la mer du Nord de ses côtes normandes. Dans ce cadre maritime,
le mythe de notre Princesse y trouve sa raison d'être.
Le triptyque de Persée
et Andromède s'inscrit
dans la partie La Grèce et la Sicile du recueil Les Trophées
(1893) de Heredia : en effet, le poète se propose de retracer l'histoire des
civilisations disparues (Rome, Renaissance, Conquista espagnole), thème
en vogue en cette fin du XIXème siècle. Et bien souvent on ne retrouve qu'un
trophée en marbre ou en fer ciselé comme témoin du passé, au hasard
des découvertes archéologiques.
Sommaire :
- Cycle : Persée et Andromède
(1885)
Persée et Andromède (LES TROPHEES)
Andromède au Monstre
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La
Vierge Céphéenne*, hélas ! encor vivante,
Liée, échevelée, au roc des noirs îlots,
Se lamente en tordant avec de vains sanglots
Sa chair royale où court un frisson
d'épouvante.
L'Océan monstrueux que la tempète évente
Crache à ses pieds glacés l'âcre bave des
flots,
Et partout elle voit, à travers ses cils clos,
Bâiller la gueule glauque, innombrable et
mouvante.
Tel qu'un éclat de foudre en un ciel sans
éclair,
Tout à coup, retentit un hennissement clair.
Ses yeux s'ouvrent. L'horreur les emplit, et
l'extase ;
Car elle a vu, d'un vol vertigineux et sûr,
Se cabrant sous le poids du fils de Zeus, Pégase
Allonger sur la mer sa grande ombre d'azur. |
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Persée et Andromède
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Au
milieu de l'écume arrêtant son essor,
Le Cavalier vainqueur du monstre et de Méduse,
Ruisselant d'une bave horrible où le sang fuse,
Emporte entre ses bras la vierge aux cheveux
d'or.
Sur l'étalon divin, frère de Chrysaor*,
Qui piaffe dans la mer et hennit et refuse,
Il a posé l'Amante éperdue et confuse
Qui lui rit et l'étreint et qui sanglote encor.
Il l'embrasse. La houle enveloppe leur groupe.
Elle, d'un faible effort, ramène sur la croupe
Ses beaux pieds qu'en fuyant baise un flot
vagabond ;
Mais Pégase irrité par le fouet de la lame,
A l'appel du Héros s'enlevant d'un seul bond,
Bat le ciel ébloui de ses ailes de flamme*. |
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Le Ravissement
d'Andromède
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D'un
vol silencieux, le grand Cheval ailé
Soufflant de ses naseaux élargis l'air qui fume,
Les emporte avec un frémissement de plume
A travers la nuit bleue et l'ether étoilé.
Ils vont. L'Afrique plonge au gouffre flagellé,
Puis l'Asie... un désert... le Liban ceint de
brume...
Et voici qu'apparaît, toute blanche d'écume,
La mer mystérieuse où vint sombrer Hellé*.
Et le vent gonfle ainsi que deux immenses voiles
Les ailes qui, volant d'étoiles en étoiles,
Aux amants enlacés font un tiède berceau ;
Tandis que, l'il au ciel où palpite
leur ombre,
Ils voient, irradiant du Bélier au Verseau*,
Leurs Constellations poindre dans l'azur sombre. |
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Notes
Céphéenne |
Andromède est la fille du roi Céphée et de la reine Cassiopée.
Consultez le mythe pour plus de précisions. |
frère de Chrysaor |
Chrysaor est frère de Pégase parce
que né, en même temps que lui, du sang de Méduse. Son
nom s'explique par le fait qu'il jaillit, du cou de la
Gorgone, une épée d'or à la main. |
ailes de flamme |
Pégase est ici décrit comme un
symbole solaire : l'azur, la flamme, sont la matière
même dont il est fait. |
La mer
mystérieurse où vint sombrer Hellé |
Cet endroit est l'Hellespont,
aujourd'hui le détroit des Dardannelles. Hellé, fille
du roi de Béotie, et son frère Phryxos durent fuirent
la haine d'une marâtre. Un bélier volant à la toison
d'or, qui ensuite se retrouva en Colchide, leur servit de
monture, mais cours de la traversée Hellé tomba et
l'endroit de sa chute devint l'Hellespont. |
du Bélier au
Verseau |
C'est à dire dans toute l'étendue
céleste, ces deux signes étant fort éloignés l'un de
l'autre. |
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